Psychanalyse en institution (CMPP)

Psychanalyse en CMPP

Suite au colloque FDCMPP – Paris 2015

 

Comment les membres de l’institution participent-ils au soutien de la pratique singulière de chacun de ceux qui la composent ?

Comment la psychanalyse, inscrite aux fondements des Centre Médico Psycho Pédagogique, joue-t-elle fonction dans ces lieux où nombreux sont ceux qui s’en réclament ? En quoi la psychanalyse participe à justifier une pratique qui donne une place primordiale au langage (en opposition aux pratiques technico-rééducative) ?

Ces questions je les pose au regard de ce que nous avons pu entendre au cours des journées de la FDCMPP à Paris (les 12,13 et 14 novembre 2015) puis de ce que j’ai pu lire en rapport avec ce colloque : le texte d’Amîn HADJ MOURI (« Il n’y a pas de modernité sans l’inconscient (freudien) »)1 et celui de Jean-Pierre DRAPIER (« Le monde brûle« )2.

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Dans son texte, Jean-Pierre Drapier se montre critique vis-à-vis d’une société prise dans ce qu’il nomme un « mal-être ». Outre le fait que le terme freudien de « malaise » ne me parait pas substituable à ce mal-être laissant entendre qu’il y aurait un « bien-être », j’interrogerai les fondements du discours psychanalytique qui peuvent alimenter ses propos, ainsi que ceux d’Amîn Hadj-Mouri.

Ce discours psychanalytique correspond à la reconnaissance de l’impossible réalisation de l’être contre laquelle chacun lutterait en quête d’une vérité définitive sur son existence propre.

Jean-Pierre Drapier anticipe les malheureux événements que nous venons de vivre sur Paris lesquels nous rappelle que la perversion se joue dans la complicité. En l’occurrence, pour les terroristes agissant au nom du djihadisme, il s’agit de (tenter de) se réaliser en étant identifié à un groupe qui se voudrait détenteur de la vérité suprême… Rien de neuf sous les étoiles puisque de tout temps on aura trouvé des gourous et leur sbires en quête de servitude… Se faire serviteur d’une cause aussi folle soit-elle est une façon de s’oublier en tant que sujet… De ne plus s’embarrasser avec l’incertitude que cela suppose…
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Voilà donc ce dont nous avons à témoigner si nous nous réclamons d’une pratique psychanalytique. Nous devons être en mesure de répondre à cette question: Qu’est-ce qui nous pousserait à nier la logique psychique à l’œuvre de notre existence laquelle suppose que nous soyons toujours « à coté » (à coté de la plaque, à côté du Réel.)? Cette logique psychique correspond à la rêverie constante de notre réalité au-delà du Réel. C’est la négation de cet état de fait qui mène au pire; ce à quoi nous assistons avec les manifestations symptomatiques menant parfois aux aboutissements les plus tragiques… De croire que nous détenons la vérité au détriment des autres c’est cela la psychose… Cela devient une psychose groupale lorsque plusieurs « triples singes » imposent qu’ils n’ont plus rien à (rece-) voir puisqu’ils détiennent déjà tout savoir…

Seulement, si ça finit par faire mal, c’est que le Réel revient au galop. Il y a de l’Autre qui témoigne de vérités autres. Le symptôme est le garant de cet Autre dès lors qu’il fut tenté de le nier…

Ultime solution: tuer tout ce qui manifeste de l’altérité.

Le névrosé se contentera de tentative de tuer son désir ou pire: de tuer ce qui ne saurait se passer de désir: à savoir l’être (parlant) vivant qu’il est.

Ce dont témoignent les porteurs de symptômes qui demandent de l’aide afin de faire face à ces « empêcheur de tourner en rond » (les symptômes), c’est comme on dit que ça « fait chier »… On pourra se contenter de ce « ça » comme moteur des productions aussi merdiques soient-elles, en connaissance de la fameuse phrase freudienne: « Wo Es war soll Ich werden »… Ce qui fait chier c’est la signifiance, qui nous met dans un embarras tel qu’aucun signifiant ne se suffit à lui-même, de toujours renvoyer à un autre. Et que partant de ce constat, nous somme assuré de ne jamais pouvoir bien se comprendre… Cela fait chuter bien des illusions, notamment de celles qui participent d’un certain amour. Je me souviens d’avoir été catastrophé en prenant conscience de l’impossibilité dans laquelle je me trouvais de me faire pleinement comprendre par ma mère, notamment lorsque je me trouverais malade: bel et bien seul dans cet éprouvé. Je parle de maladie bien concrète: qui trouve son étiologie organique… Mais n’est-ce pas le même éprouvé auquel invite le symptôme dans la névrose?… Ce qui amène le névrosé à signifier que personne ne peut « comprendre ce qu’il a », reconnaissant parfois que même lui ne saurait savoir…

C’est ce savoir qui est réclamé au praticien auquel il adresse sa demande. Allons-nous jouer le jeu de celui qui sait?

Le bon entendement des praticiens se référant à la psychanalyse les poussera à répondre que « non » ils ne feront pas semblant de savoir… Mais que feront-ils alors? Répondront-ils au demandeur juste qu’ils ne savent pas? Qu’il faut parler et que « ça ira mieux »?…

Il est souhaitable que chacun ne se contente pas de ce type de réponse tournant autant en rond que la logique à l’œuvre de tout symptôme.

Je parle de « bon entendement des praticiens se référant à la psychanalyse »… Ce bon entendement nous sommes invités à le combattre de sorte que le recours à une science dont l’enjeu est celui de la subjectivité -et de tout ce que cela suppose: reconnaissance de l’inconscient et de ses manifestations par l’étrangeté familière notamment- ne soit pas galvaudé par quelques identifications que ce soit, dont le « bien-dire » porte la trace.

Aussi, suis-je maintenant attentif à ce que chaque discours moralisateur porté par quelque psychanalyste que ce soit porte avant tout la trace singulière (de celui qui l’énonce) de ce qui l’anime…

Chacun de ceux qui se réfère à l’éthique de la psychanalyse, pour dénoncer toute tendance ségrégationniste, est redevable… Redevable d’un témoignage de sa propre expérience des « formations de l’inconscient » (comme le soutenait Lacan en opposition à la prétendue formation de psychanalyste défendue par les tenants des associations renommées).

Il serait tout à fait paradoxal de se réclamer d’une identité partagée d’être psychanalyste -pour ne pas dire « profanatoire »- lorsqu’il s’agit de dénoncer la logique à l’œuvre du symptôme ou du meurtre.

Le « bon entendement » et les beaux discours prennent déjà bien assez de place dans le jeu des hommes politiques dont on attendrait qu’il joue le jeu de la démocratie!… Et dans le discours des gourous des sectarismes de toute sorte dont ceux dont on observa les tristes résultats de leurs actes… Il faut bien oser reconnaitre que toutes tendances à réclamer l’adoption d’une norme par un sujet revêt une transgression commune… Cette transgression est celle de l’interdit « de l’inceste », comme l’a désigné Freud.

Précisons ce que nous entendons par « l’interdit de l’inceste ». Cet interdit correspond à l’impossibilité d’en finir avec l’embarras dans lequel nous met notre condition de « parlêtre » (Lacan): à savoir que le langage qui nous habite suppose une barrière (de contact, tel que le souligna Freud, au sens où elle suppose un passage) entre le signifié et le signifiant. Chacune de mes représentations en suppose une autre: aucune ne suffit à signifier d’elle-même ce qu’il en est du Réel. Sur le plan de la relation cela suppose que je ne saurais être certain de l’amour d’un autre ou pour l’autre quand bien même ce sont des liens filiaux qui nous rattachent. Mais cette incertitude peut toujours être niée; ce en transgressant de quelque façon que ce soit l’interdit représentant de cet impossible. L’Objet qui m’est interdit est celui supposé pouvoir me compléter de sorte que je ne manquerais plus de rien; l’objet maternel en représente l’archétype en tant qu’illusion de ce qui saurait toujours répondre a ce qui ne serait que du besoin.

Cela nous ramène à la position de l’analyste face à toute demande de savoir… « Dîtes-moi ce que j’ai! ». Et l’analyste de répondre en « donnant ce qu’il n’a pas », tel que Lacan définit l’amour… Il s’agit là de la position à tenir en considérant le transfert. Ce n’est pas de répondre « rien » mais de répondre en connaissance de cette cause du désir qu’est le manque, qu’on se gardera de clôturer par quelque prétention au savoir que ce soit (sauf à la considération de ce savoir comme supposé).

Amîn Hadj-Mouri affirme que ce qui est moderne pour la psychanalyse c’est le paradoxal tel qu’on peut l’entendre dans cette assertion lacanienne: qu’entre le sujet et l’objet, il existe un « rapport d’exclusion interne »… C’est dire qu’il n’y a pas de rapport d’opposition entre le sujet et l’objet, que l’objet n’existe que désigné par le sujet et que cet objet lui échappe de toutes façons car « le mot est le meurtre de la chose »… Certains renonceront peut-être à en lire davantage car ce discours lacanien est justement chargé de nombreux paradoxes ou de tournures de langage inattendues. Pour ma part, je soutiens que le réveil de la pratique de l’analyste ne peut pas se contenter des belles formules du politiquement correct dans la mesure où ce qui endort la voie vers l’inconscient est de se conformer à des discours attendus. Rappelons que l’inconscient se manifeste comme inattendu car il correspond à l’insu.

Comment le psychanalyste soutient-il le paradoxe propre au langage du sujet? En évitant la clôture du discours, il appelle à d’autres réponses chez celui qui cherche à savoir; notamment à savoir d’où son mal lui prend…

C’est là, avec cette réponse sous forme d’interrogation qui en appelle d’autres (c’est le « plurielle » propre au féminin du discours psychanalytique) que se posera l’embarras pour qui insiste à trouver une solution finale (à ses symptômes, à ses incertitudes etc.).

Une des solutions les plus mortifères face à cette embarras -dans lequel nous a mis le langage, et l’amour qui participe à nous faire habiter ce langage- est de faire taire.

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Voila pourquoi, aussi gênant que cela puisse se présenter pour le parent (en demande), ce symptôme on ne l’éradique pas. Ce symptôme n’est plus tant l’ennemi à abattre qu’un appel à entendre, de celui qui le porte: ses constructions singulières témoignant de celui pour qu’il se prend (au point de le devenir).

Le plus souvent, cela est nié dans la quête d’un retour à la « normale » ou d’un retour à cette « naturalité devenue « mythique » », comme le rappelle Amîn Hadj-Mouri.

Avec la psychanalyse, nous sommes appeler à subvertir tout anamnèse inscrite dans une logique de cause à effet, pour redonner place à la nécessaire causalité psychique.

Cela signifie que nous ne considérons pas des signes mais des signifiants. Cela suppose que le symptôme porte une histoire du sujet qui a à en énoncer sans cesse… De dire: « Je ne sais pas pourquoi je fais/ j’ai mal » ou « je fais/j’ai mal à cause de ce que j’ai vécu », nous l’appelons à d’autres dits. Il s’agit du subvertir le discours causal pour remettre en place les effets inattendus de la chaine signifiante.

Cela reviendrait à dire qu’il n’y a pas de traumatisme… Au même titre qu’il n’y a pas de rapport sexuel. Il devient difficile de faire entendre une telle assertion par les temps qui courent… A qui voudra défendre que les rescapés d’un attentat ne souffrent que de cet événement précis qu’ils ont vécus… Il suffit pourtant de revenir à Freud et à son analyse des traumatisés de guerre pour saisir un au-delà (du principe de plaisir) de la simple causalité, et pour comprendre que de tous ceux qui ont vécu un même événement au « même endroit », réagiront d’une place différente… Ainsi, certains s’inscriront dans la répétition mortifère de ce qui fait mal pendant que d’autres iront de l’avant.

Il suffit de constater, à la suite des attentats de Paris de ce 13 novembre, que certains de ceux qui ont frôlé la mort s’en trouvent si peu affectés à côté d’autres qui ne trouvent plus leur sommeil ou ne sortent plus de chez eux depuis qu’ils ont entendu parlé de ces événements… Oui, le langage fait effet ou pour mieux le dire: Le langage, ça cause!

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On dit que la négation de notre condition de sujet parlant, que la violence qu’elle engendre, est actuelle, que c’est une crise de la société comme semblent le souligner certains… Mais cela n’a rien d’actuel. Jean-Pierre Drapier finit par le reconnaitre en rappelant que dans des temps bien plus anciens, on trouve cette image des vieux disant que la jeunesse fait courir l’humanité à cette perte… Nous n’avons pas fini d’en entendre de ce pessimisme des vieux!…

Aujourd’hui, certains se demandent pourquoi les enfants sont de plus en plus violents dans les écoles. S’il s’agit là d’un véritable constat, méfions-nous de toute causalité réductionniste, car il est souvent là le terreau des plus classiques ségrégationnismes laissant la porte ouverte aux pires passages à l’acte!

Je m’oppose à cette hypothèse trop souvent entendue que notre époque est celle de la mise à mal de la fonction symbolique paternelle… Tenir de tels discours revient à se déresponsabiliser puisque chacun d’entre nous a constamment la responsabilité de défendre un discours faisant place à cette fonction que de tout temps on eut tenté de mettre à mal… Comment ne pas être tenté par la quête d’une tranquillité absolue (rendue impossible par les effets de cette fonction que symbolise l’instance paternelle, dont Amîn Hadj-Mouri nous rappelle qu’elle relève du féminin au même titre que le discours analytique)? Ce qui répond à cette tentation c’est l’angoisse, tel un rappel nécessaire de l’impossible et de l’interdit qui s’en manifeste.

Nous pouvons nous interroger sur le système éducatif et constater une constante négation du sujet à travers la quête d’une norme appliquée à tous ces enfants aussi différents soient-ils. Ce sont précisément ceux qui manifesteraient trop leur différence que l’on met hors du circuit « normal » s’ils ne font rien pour la faire taire… N’est-ce pas ce que nous entendons parfois des injonctions des professionnels de l’école à aller consulter au CMPP? Vous me direz que ce n’est pas plus mal puisque nous permettrons à ces enfants d’être entendus autrement! Pour cela, il faudrait encore que les praticiens des CMPPs ne se plient pas littéralement aux dites demandes, armés de leur technicité universitaire (faut-il rappeler que le discours de l’analyste se différencie du discours universitaire?). Ce qui est à dénoncer dans ces injonctions de soin ce sont leur visée ségrégationniste. Ce ne sont pas les enseignants que je pointe du doigt, convaincu des bonnes intentions animant la pratique quotidienne de la majorité d’entre eux. Ce qui se dénonce c’est la facilité empruntée pour nos pratiques, sous couvert d’arguments économique prônant l’efficacité ou la « performance »…

Yann DIENER3, parmi tant d’autres, nous a appelé à ne pas laisser le discours psychanalytique justifiant notre position (de participer à entendre les sujets et leur histoire plus qu’à observer les signes de leurs comportements) se faire malmener pour entrer dans les cases des comptages économico-politiques des « bonnes pratiques » censées nous « guider ».

A l’heure actuelle, certains s’essayent à rédiger une grille diagnostic psychanalytique. Ça pour un oxymore!… Ce serait cela la réponse aux tenants du DSM?! Autant leur tendre le bâton pour se faire battre!

La tentation de la norme et la quête d’un idéal commun à tous faisaient l’objet de la mise en garde freudienne dans « Malaise dans la civilisation ». Il est bien là le malaise! Et c’est ce qui m’amenait à souligner qu’il n’est pas nouveau! Aussi, ne lutte-on pas contre les extrémistes en déployant « l’unité nationale » ou en pénalisant tout propos prétendu à « l’apologie du terrorisme ». Il est nul besoin d’interdire les propos les plus scabreux car ils s’interdisent tant que d’autres pourront en dire et appeler à un « mieux dire » (à différencier du « bien dire » des « beaux discours »).

Travailler face aux symptômes, dans le cadre de la psychanalyse nous demande de tenir une position difficilement tenable. Le discours psychanalytique est en soi intenable (dans la durée) puisqu’il consiste à présenter un « désir pur », selon les mots de Lacan: pur de toute demande formalisée.

Pour quelle raison tiendrait-on une telle position? Pour soutenir la résurgence d’une clairvoyance (par opposition au trouble) sur sa condition d’être parlant… Ou pour reprendre les mots d’Amîn Hadj-Mouri: pour aider les enfants et leurs parents à « aborder les fantasmes qui président à leurs conceptions réifiantes, de part et d’autre, pour qu’ils cessent de prendre ces réalités pour le réel ».

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Je déplore de ne pas entendre nombre de ceux qui travaillent avec la psychanalyse expliquer ce qui justifient une pratique où il est question de parler. Qu’est-ce qui différencie la parole posée en psychanalyse de celle partagée entre amis?

Cela ne va pas de soi! Car, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, il n’est pas question de « catharsis » en psychanalyse; et ce depuis que Freud a dépassé cette trop modeste ambition pour le travail de cure.

Ce qui différencie la posture du psychanalyste c’est de ne rien attendre de fini dans le discours d’un sujet qui ne peut cesser de (se) définir, en considérant la charge des projections qu’il fait porter à ceux qu’il (qui l’)aime(-nt). Ceux qui l’aiment sont aussi ceux qui risquent de l’attendre au tournant, avec leur conception du bon/du mauvais (enfant, élève, etc.). Bien-sûr, chacun ne peut faire sans ces conceptions ou sans représentations mais d’en avoir pris la mesure est la voie qui laisse à chacun le champ de son devenir.

En prendre la mesure, cela ne saurait se faire « une bonne fois pour toutes », définitivement… Car cela se met au travail constamment. Autrement dit, on ne peut pas se reposer sur quelques présupposés que ce soit: il n’y a pas de règle définitive, comme il ne doit pas y avoir de cadre figé pour les cures menées par un psychanalyste… Si on reconnait la teneur fantasmatique des représentations psychiques qui nous habitent afin de soutenir l’évolution des sujets depuis leurs symptômes, nous ne pouvons figer nos discours et nos postures de façon commune et « bien entendue ». Voilà ce qui complique notre tâche, au sein des CMPPs et qui aura amené certains à renoncer à la psychanalyse ou à médicaliser son discours…

Aussi devons-nous être attentif à soutenir la cohérence de nos discours pour défendre au mieux le bien fondé de nos pratiques face aux standards économico-politiques de la « performance ».

Je soulève pour exemple les propos de B.Stiegler lors du colloque FDCMPP, le 13 novembre dernier. Il parlait de « pulsion » à « dompter », comme si les manifestations d’agressivité de certains suffisaient à caractériser le pulsionnel, et qu’elles ne relevaient que de l’éducatif… Alors que justement c’est à cette pulsion que nous voulons redonner toute sa place dans la mesure où elle est le « représentant psychique du somatique » comme la définissait Freud, en tant qu’elle représente une force constante qui anime notre désir… C’est bien grâce à cette force que nous n’errons pas comme des bêtes juste en quête de plaisir sans mesure du coût de ce dernier… Reconnaitre la vérité que suppose la pulsion c’est reconnaitre que pour les êtres parlants que nous sommes, il n’y a pas que des besoins à satisfaire… Sinon nous n’aurions que faire de la condition commune qui nous lie à tous ces autres parlants et nous pourrions nous contenter de les consommer comme des paquets de viande!

Soyons attentifs à ce que l’utilisation du mot « inconscient » ne serve pas de prétexte à des pratiques ésotériques sous couvert des « mystères » de l’âme humaine… Il n’y a rien de caché à découvrir dans quelques profondeurs que ce soit. L’inconscient se manifeste au présent et il ne se dompte pas (à ce propos, on pourra notamment se référer aux écrits freudiens sur le mot d’esprit).

Amîn Hadj-Mouri fait référence aux scientifiques de la physique quantique. Il semble que ceux-ci soient davantage enclins à reconnaitre dans l’objet de leur travaux quelque chose qui leur échappe. Leurs découvertes peuvent participer à redonner place à la fonction signifiante, dont ils tirent les bénéfices dans leur disposition à subvertir les codes établis par ceux les ayant précédés.

Quant à nous qui nous attelons à défendre le discours du psychanalyste, comment faisons-nous place aux éléments les plus niés par le discours social lorsque celui-ci tend à la psychose; c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de nier les différences via l’imposition de normes ou de « bon entendement »??

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Benoît LAURIE, le 25 novembre 2015.

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1 Amîn HADJ-MOURI, « Il n’y a pas de modernité sans l’inconscient (freudien) », texte inédit, novembre 2015.

2 Jean-Pierre DRAPIER « Le monde brûle« inéditTexte envoyé aux membres de la comission FDCMPPen marge du colloque de Paris des 12,13 et 14 novembre 2015 (dernière journée annulée suite aux attentats).

3 Yann DIENER, « On agite un enfant ». L’État, les psychothérapeutes et les psychotropes,ed. La Fabrique, Paris, 2011.   

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