Crimes contre la subjectivité, crimes contre la féminité: un nihilisme totalitaire d’obédience « islamiste »

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CRIMES  CONTRE LA SUBJECTIVITE, CRIMES CONTRE LA FEMINITE :

                UN NIHILISME TOTALITAIRE  D’OBEDIENCE « ISLAMISTE ».

                « Quelque pénible que puisse être la perte de cet idéal (l’idéal classique de la description continue) en le perdant nous avons probablement perdu quelque chose qu’il valait la peine de perdre.» (Erwin SCHRÖDINGER. « Physique quantique et représentation du monde. Ed. du Seuil 1992)

               « Nous ne devons pas admettre la possibilité d’une observation continue. Les observations doivent être considérés comme des événements discrets, disjoints les uns des autres. Entre elles il y a des lacunes que nous ne pouvons combler » (ibid. C’est moi qui souligne)                 

 

Je reprends ici quelques points que j’ai déjà abordés dans les différents articles publiés dans l’ouvrage collectif : « Algérie, années 1990. Politique du meurtre. Pour une lecture freudienne de la crise algérienne. Lysimaque 1998). J’avais alors proposé le néologisme « idolêtrie » pour rester dans la logique subjective, et éviter de rejoindre l’essentialisme confessionnel, élevé au rang de matrice idéologique explicative. Tous ceux qui feignent d’être musulmans en s’appropriant le prédicat de musulman pour s’assurer d’abord et avant tout de leur être, de leur plénitude ontologique, éliminent la polysémie de cet attribut en acceptant de se soumettre à des interprétations perverses, issues des ambiguïtés propres au corpus religieux,  et dont la visée est de se défaire du sujet, pour s’adapter à la « psychose sociale ». Ils tentent de démentir et de forclore le fondement signifiant de ce dernier, comme ils peuvent le faire avec n’importe quelle théorie,  engendrée par le vide, dont l’obturation par Dieu, ravalé au rôle de bouche-trou, cesse de constituer cette base, qui s’avère indépassable du fait même de son échappement. La réification, la « glaciation » subjective affecte Dieu lui-même, qui cesse d’être le nom de cet absolu échappement. L’échec asséné à la subjectivité par l’idéalisation d’une conception  leur confère une toute-puissance égale à celle de Dieu, dont la « valeur d’usage » n’est mise en avant que pour consolider leur image et la renforcer (narcissisme secondaire) en rendant licites leurs méfaits, qu’ils justifient en prenant en otage une religion, qui met en avant l’unicité de Dieu en tant qu’il est le seul à être, faisant dès lors de cette exception, le fondement de la communauté des « fils d’Adam », réunis par leur condition qui allie leur incomplétude à la soumission à un ordre les dépassant et échappant à leur maîtrise. Le pervertissement de cette orientation, qui confirme leur nature d’« êtres parlants »,  les amène à se dédouaner et à s’exonérer de  toute responsabilité quant aux crimes qu’ils commettent, et qu’ils imputent à l’Islam, dont la lecture perverse, -ici à l’œuvre- n’a rien à voir avec la radicalité et/ou la radicalisation, consistant à rejeter l’imprédicativité dont Dieu est le nom et le garant. Aussi sur et « pommé » soit-il par son obnubilation et son obsession « idolêtres », le « radicalisé » -dans la phraséologie sociologico-politique dominante- ou le « surmusulman » -dans la taxinomie psychologique de F.BENSLAMA-, est sûr de rater son identification à l’Etre suprême, voire son incarnation. En annihilant sa subjectivité pour se convaincre qu’il en a fini avec l’Autre barré, tout en usant et en ravalant l’Islam au niveau de sa paranoïa, il est voué à un échec annoncé et cuisant. Il est tellement sur qu’il échoue à posséder Dieu, lequel échappe à son instrumentalisation et à son appropriation fallacieuse. En vérité, c’est Dieu qui le possède sans coup férir, en l’abandonnant à son illusion mortifère de complétude, alors qu’il est le seul à incarner la jouissance phallique (toute), et à être le nom de ce qui échappe irrémédiablement, et  qui rend ainsi le vide opérant. Une position subjective  qui prétend à la réalisation ontologique, refuse toute trace d’imprédicativité, pourtant présente, et finit par sombrer dans une réification psychotisante.   Assigné au nettoyage des Ecuries d’Augias, que le capitalisme mondialisé a savamment organisées, et à leur épuration sanglante, qui l’éclabousse et le pollue immanquablement, le fameux « surmusulman » «acidifié », gonflé à bloc par la toute-puissance que lui instille la vitamine C (comme connerie aussi bien), contenue dans des prêches débiles, croit détenir la garantie divine pour accomplir son projet ontologique, dégradant Dieu et le mettant au niveau des imposteurs qui se font passer ici-bas pour ses représentants. Si leurs inepties sont reçues cinq sur cinq par certains, c’est parce qu’à leur insu, elles viennent répondre perversement à des questions mal formulées de la part d’individus, qui se trouvent confrontés à des problèmes existentiels et subjectifs graves, que les conceptions et idéologies dominantes, en raison de leur logique sphérique, s’avèrent incapables de prendre en charge sérieusement. L’Islam –fût-il identifié à la parole de Dieu- est relayé et transmis par un messager, le Prophète, lui-même être parlant parmi d’autres êtres parlants, qui rapporte la lettre divine et l’offre à toutes les interprétations, parmi lesquelles  certaines n’en ont cure, comme celle des islamistes  mafieux et criminels. Comme toute théorie destinée à des êtres parlants, le Coran –parole de Dieu- et les Hadîth –paroles du prophète- peuvent faire l’objet de lectures diverses et radicalement différentes, selon le discours qui les sous-tend. Celle d’un AVERROES (Ibn Rochd, 12ème siècle) par exemple est intellectuellement et heuristiquement plus riche et plus féconde que celle d’un idéologue contemporain du mouvement des Frères Musulmans, dont le conservatisme social et le caractère réactionnaire, de type esclavagiste sur le plan économique, déterminent la valeur d’usage qu’il confère au corpus musulman.   Face à la radicalité de l’interdit indépassable  et irréversible, qui frappe la complétude moïque, la tentation est grande d’adhérer à des théories simplistes et utiles pour désigner des boucs émissaires auxquels il est facile d’imputer cet impossible, qui devient synonyme d’injustice, à laquelle il devient licite et légitime de réagir par un châtiment, dont la sévérité est proportionnelle à l’humiliation éprouvée en tant que victime. La haine de soi, liée à l’incapacité de transgresser l’interdit, qui est découplé de l’impossible, relevant désormais de la faiblesse et l’impuissance, vient majorer la haine de l’autre, incriminé d’être l’obstacle et de faire barrage à  une complétude légitime. Le moi est menacé, le groupe est appelé à la rescousse : le clan groupal commande le camp et organise la barbarie qui accompagne toute individualité objectivée, exclusive du sujet. L’inscription universalisante masculine est accomplie et partagée: l’homogénéité est obtenue par une uniformisation qui élimine tout ce qui peut rappeler l’hétéros et la présentification de l’absence, à l’œuvre aussi bien dans l’unarité que dans la signifiance. Le « surmusulman » vs le « sousmusulman » s’appuie sur des idéologues mafieux qui, à l’image de nombreux spécialistes de la psyché, enfument la vérité en assénant des impératifs surmoïques, dont la finalité consiste à éliminer le vide, issu de cet impossible, qui assure l’ex-sistence. Se considérant comme un « soushomme », en proie et en butte à ce qui lui échappe –et qui échappe à tous et à chacun-, il tend à compenser son déficit « hommosexuel » (masculinité totale et absolue : le paradis) en recourant à Dieu et en s’imposant à lui. Il pervertit la place et la fonction d’exception de Dieu pour faire échec à cette impossible complétude, inhérente à la « condition humaine », celle des êtres parlants. En effet, Dieu est l’Unique, le seul qui ne soit pas confronté à cet obstacle infranchissable, qui réunit et rassemble tous ces derniers, quels qu’ils soient et quoi qu’ils fassent. Ils peuvent accepter cette limite sans se haïr et, partant enrichir leur vie en s’en soutenant ; ils peuvent aussi bien la refuser et l’imputer –de façon paranoïaque- à d’autres, qui  mériteraient l’enfer. Ce mode d’objectivation, orchestré par le moi, vise à éliminer le vide, mis en œuvre par cette limite, et à partager la plénitude groupale, qui réifie la fonction en même temps qu’elle exclut le sujet. La haine de soi, homologue de la haine de l’Autre  (A), renvoie à une altérité radicale qui assure la division de chacun. Le refus de la subjectivité et la division finit par se résoudre par la mort, laquelle mort rapproche des ennemis, eux aussi mortels, même si la mort est dotée d’un sens différent. Ces derniers sont voués à un anéantissement d’autant plus cruel que le nihilisme, engagé dans le exactions meurtrières, sert à  mieux refuser le savoir commun de l’humanité, quant à la certitude irrévocable de la mort, et ce, quelles que soient les  fantaisies imaginaires dont on la pare pour affronter cet au-delà, toujours plein de mystère et d’incertitude, et dont le maître n’est pas maîtrisable, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse. L’Autre barré ou le vide constitutif de la subjectivité, essentiel au désir, est combattu férocement. Le corps peut alors être appelé à le combler : certains acceptent de remplir le vide de leur corps, selon les deux sens suivants :

  • on peut combler son propre vide en épousant des discours bilatères et sphériques pour méconnaître  l’impossibilité de la complétude en tant qu’elle est indéfectiblement liée à la condition d’être parlant, à laquelle seul Dieu, n’est pas soumis.
  • On peut combler le vide qui assure la vie avec son propre corps, en le martyrisant, en le sacrifiant sur l’autel de la jouissance phallique, de la complétude illusoire, qui se réduit à incarner un modèle, un exemple (martyr) de sacrifice de son désir propre, refusé et rejeté parce qu’il négative cette complétude, et partant articule féminité et singularité, préservant ainsi chacun comme  membre  de l’ensemble des « parlêtres ».  Une telle singularité promeut le « pas tout », en même temps que le semblant en tant qu’il organise nécessairement toute réalité.

 

Le sacrifice du sujet prétend refouler le « troumatisme », fondateur de l’ex-sistence, et à se soumettre à la tyrannie et à la fureur ontologique d’un moi en quête d’un discours adapté aux injonctions et aux commandements féroces d’un surmoi, d’autant plus rétif et réfractaire  à l’inconscient, qu’il promeut constamment  le vide mobilisateur du signifiant. Le fameux  « surmusulman », soumis à une « acidification » ontologique, accepte de se soumettre à un discours qui, tout en usant de la parole, la dévalorise et la dégrade pour la mettre au service d’un asservissement, non plus à Dieu comme nom du Tout inatteignable, mais à une piètre entreprise de réalisation de soi, qui refuse violemment l’incomplétude, imposée par la structure subjective.   Un tel projet n’est pas très éloigné des enfumages « psy»de tous  ordres, qui n’hésitent pas à se lancer dans la construction de typologies et de taxinomies psychopathologiques, au service de méthodes managériales qui spolient et  corrompent le discours analytique, d’autant plus que certains larbins sont toujours disposés à imposer à ce dernier la domination écrasante du bilatère et du sphérique, et à contrecarrer les manifestations –via le symptôme- de l’unilatère ou de l’asphérique, spécifiques de l’inconscient, et ruineux pour les élucubrations psychologiques. Il est de bon aloi de s’offusquer, de condamner, de réprouver, de manière grandiloquente et spectaculaire des actes criminels. Mais si  de telles réactions restent inféodées à la même logique que celle qui détermine les discours qui ont engendré les horribles crimes, alors l’aggravation de la situation peut être prévisible. Les exécuteurs de la signifiance sont nombreux et animés de bonnes intentions. Et même s’ils ne commettent pas d’exactions, leur discours, qui refuse l’inconscient, renforce la lâcheté « hommosexuelle » et la fascination perverse du sadomasochisme. Si les mâles tendent à incarner la virilité totale et absolue pour contrer une haine de soi liée à l’altérité structurale, les femmes, elles s’identifient à cette virilité en la partageant par la soumission à ses impératifs et commandements. Les fanatiques fascinés par le totalitarisme masculin, rejettent toute altérité comme stigmate de la féminité. Ils peuvent préférer leur propre mort à l’acceptation de l’altérité, contre laquelle ils se vengent en s’y soustrayant, parce qu’ils la  considèrent comme une injustice. Ainsi, ils peuvent faire échec à la castration symbolique, fondatrice du sujet, mais humiliante et dégradante pour leur moi. Doués de parole, ils croient se démettre du signifiant en acceptant la mort qui devient la compensation ultime de leur projet paranoïaque en faillite. L’ « idolêtrie » est en quelque sorte sauvée par le pseudo-héros, élevé au rang de martyr, et dont il ne reste même pas un semblant de prosélytisme mortifère. Devenus « chair à gilet explosif », ils meurent dans l’anonymat, dans un état d’esclavage encore plus dramatique que celui qu’ils pouvaient dénoncer auparavant. En effet, s’opposer à une prédicativité de laquelle certains se sentent exclus, n’oblige pas à asservir Dieu et à l’intégrer à une autre prédicativité, jugée infaillible parce qu’elle implique celui-ci de manière perverse, en lui spoliant les spécificités de son unicité.   Les divers accommodements avec l’aliénation sociale dévaluent explicitement et implicitement l’aliénation symbolique ou signifiante en la dépouillant de son primat. Ils sont l’œuvre de larbins  dont les élucubrations plus ou moins charlatanesques, débouchent sur des conceptions d’autant plus affligeantes qu’elles prétendent s’opposer au discours du maître, qui est cependant nécessaire aux autres discours. Le larbinisme idéologique réduit et transforme les concepts psychanalytiques en des notions psychologiques, qui évacuent la logique moebienne qu’ils sont censés contenir. Le refus de cette dernière accompagne une adaptation et une mise en conformité avec l’idéologie dominante, dont la tendance majeure consiste à conférer au bilatère un caractère exclusif et totalitaire. Une psychologie du musulman apparaît et devient une matrice explicative de comportements  divers, comme la psychologie philo-coloniale justifiait le colonialisme par la psychologie des peuples colonisés. Ainsi, « confessionnaliser » l’inconscient pour s’affranchir de la structure qui le caractérise,  conduit le discours analytique à devenir une théorie prédicative, une conception anthropologique –mortifère pour le sujet- qui anéantit en fin de compte la transcendance de la signifiance (S1) que rend possible l’articulation signifiante (S2), en tant qu’elle en procède nécessairement. Les différentes taxinomies, imbibées d’empirisme (significations statistiques) malmènent la causalité spécifique, à l’œuvre dans les formations de l’inconscient, qui mettent en valeur l’induction et sa congruence avec la logique moebienne. Les typologies représentent une démarche épistémologique établie sur des principes de logique classique incompatible avec l’inconscient qui exige le primat de l’ordre symbolique, dont l’incomplétude favorise le nouage borroméen des dimensions présentes dans toutes les métaphorisations provoquées par le vide, et sans qu’aucune d’entre elles, quel que soit son degré d’enfumage et les extrapolations ridicules qu’elle peut susciter, ne réussisse à l’éliminer.   La « mâle-traitance » infligée à Dieu par ceux qui sont fascinés par une toute-puissance « hommosexuelle »  qu’ils utilisent comme moyen de se libérer de l’interdit structural, imposant la dimension de l’impossible, transgressent leur propre condition de parlêtre, et, de surcroit, échouent à mettre à bas l’ordre symbolique, qui les dépasse et leur échappe, et dont ils s’excluent par leur propre mort. Leur « idolêtrie » (auto-adoration mégalomaniaque)  revient à idolâtrer leur moi et ses illusions de complétude paranoïaque.  Prenant en otage Dieu, ils l’utilisent comme  un « fonctionnaire » omnipotent qui les autorise à transgresser et à légitimer tueries, massacres et autres exactions, comme s’ils défendaient sa cause, alors que son statut d’unicité et d’exception absolue dans l’Islam, est bafoué. Adaptés à la débilité du monde capitaliste et à sa prétendue modernité auxquelles ils ne veulent rien comprendre, faute de s’en donner les moyens et du fait d’experts-idéologues- en tous genres- (cf. « La fin du bernard-henri-lévysme » de Jean-Christophe RUFFIN in « Qui est Daech? » Ed. LE1/PHILIPPE REY) qui en dissimulent par méconnaissance les fondements, ils finissent par verser dans un nihilisme qui les conduit immanquablement à combattre l’enracinement symbolique pour renforcer leur aliénation sociale en même temps que le système qui les asservit. Cet asservissement est proportionnel à leurs illusions de complétude ontologique et de jouissance phallique qui vont aggraver leur aveuglement en s’en prenant à des ennemis tout désignés, dont l’altérité – aux difficultés de laquelle ils sont confrontés- doit être éliminée. Eux-mêmes victimes des égarements des traitements généralement réservés à l’altérité, dans les sociétés capitalistes occidentales et celles du monde dit arabo-musulman, ils se retrouvent –comble de l’esclavage idéologique- en train d’éliminer  cette même altérité, sous prétexte de prendre leur revanche sur leurs « bourreaux ». Une telle conception binaire, débilitante, a pour seul objectif d’autoriser les actes meurtriers et d’atténuer la culpabilité qui les accompagne immanquablement. Foin de Dieu, leur seul et unique projet réside dans l’accomplissement d’illusions mégalomaniaques et paranoïaques, soutenues par des capacités insoupçonnées de passages à l’acte d’une violence extrême pour se prouver à eux –mêmes d’abord qu’ils peuvent aller très loin dans la remise en question de leur inscription dans l’ordre symbolique, ainsi que dans le déni de l’impossible. C’est ainsi, à mon sens, qu’ils sacrifient leur désir sur l’autel de la jouissance phallique, laquelle les « libère » de la subjectivité en tant qu’elle met en jeu un vide qui les excèdera toujours, quoi qu’ils fassent, et qui correspond au nom de Dieu en tant qu’il échappe à leur mainmise totalitaire. Tuer autrui parce qu’il représente l’altérité vise à faire échec à l’ordre symbolique afin de s’exclure soi même come parlêtre, soumis au signifiant, et partant à Dieu comme nom de l’Etre suprême, le seul et unique, qui instaure un écart irréductible entre lui et tous les autres parlêtres, soumis à la castration symbolique. La martyrologie  des idolêtres qui se servent des lectures perverses de l’Islam, montre bien la fascination exercée par le totalitarisme masculin qui cherche à exclure toute trace de féminité, pourtant indispensable à la structure, sans laquelle ils n’existeraient pas. Aussi, même la soumission à Dieu, vécue comme féminisante peut être rejetée, et  conduire à la mort, considérée comme seule libératrice de toute trace de féminité. L’au moins un, l’Unique qui ne soit pas soumis à la castration, et qui représente l’exception absolue, est insupportable aux yeux de tout adepte du totalitarisme nihiliste, qui  pousse jusqu’à la mort, le pouvoir de méconnaissance, destiné à « condamner » la structure subjective et l’imprédicativité. Choisir de s’engager et d’épouser une idéologie qui élimine par tous les moyens l’altérité, ne relève pas du désespoir, mais d’un point de vue qui ne veut rien savoir de la condition de parlêtre, et qui pousse à aggraver l’aliénation sociale, renforçatrice de cette méconnaissance et de l’adoration de la complétude narcissique, exclusive de l’inconscient. Les outrages  les plus outranciers, soutenus par un sens se voulant total et absolu,  se révèlent incapables de dépasser et de venir à bout du vide qui fonde ce sens, et les bat en brèche en les dépassant, c’est à dire en les « trouant », en les évidant pour favoriser l’advenue, l’émergence de la signifiance, congruente de la féminité qui les excède et leur fait échec. Malgré le sacrifice du désir, la complétude narcissique paranoïaque échoue, non seulement parce que très souvent la seule issue est la mort, mais aussi et surtout parce que cet échec procède de la structure subjective, qui résiste au déni de l’impossible en confirmant la détermination symbolique et l’irrévocabilité du signifiant, dont Dieu devient le paradigme. L’infatuation moïque de ces tenants d’un totalitarisme pervers devient à terme aussi implosive qu’explosive. Victimes de leur propre choix erroné et dicté par une vengeance qui inclut des raisons imaginaires, plus personnelles que politiques, ils adhèrent à une lecture sommaire, binaire et simpliste, qui s’appuie sur un principe de causalité, dont le réductionnisme ridicule ne peut que conduire à une impasse, dont l’issue est la mort. D’autant plus que cette piètre conception des rapports sociaux et des luttes sociales, aggrave les discriminations et les ségrégations qu’ils contestent au départ, et qu’ils voudraient éradiquer dans un esprit de justice et d’équité. En fait, à l’image de ceux qu’ils veulent combattre et défaire, ils sont passionnés et « intoxiqués »  par le même, l’identique, le moi idéal qu’ils croient incarner au point de représenter un modèle exemplaire à suivre –même post mortem (martyr)- par tous ceux qui sont en mal d’identification imaginaire.   Aussi, n’est ce pas en régressant vers la logique classique et certaines calamités théoriques qui laissent accroire que la prédicativité qu’elles « offrent »  est idéale, qu’il faudra s’orienter pour acquérir une intelligence sérieuse de ces problèmes. C’est en restant davantage fidèle à la logique moebienne que le bilatère sera maintenu à sa place et sa fonction reconnue. Ainsi, il s’avère nécessaire à l’unilatère, qui le dépasse sans pour autant l’éradiquer. Cette mise en continuité de l’un et de l’autre, sans élimination de ce qui les distingue, favorise leur identité en tant qu’ils proviennent tous deux du symbolique et qu’ils mettent en évidence son incomplétude, en faisant valoir une béance, dont l’omniprésence est due précisément à l’absence, qui la caractérise et qui est  matérialisée par le progrès métonymique, ruineux pour toutes les illusions prédicatives violentes et/ou non violentes, soutenant et aggravant la « psychose sociale ». L’impératif consiste à s’assurer de son individualité, par la force si besoin, afin que le sujet soit réduit à néant. En d’autres termes, « les non dupes », les fats veulent « faire la peau » des dupes de l’inconscient qui les terrorisent !   Aussi, ce n’est pas parce que ledit « surmusulman » asservit l’Islam à une lecture qui répond à son projet paranoïaque, qu’il faut lui reconnaître une filiation, voire l’identifier à cette religion, laquelle, malgré nombre d’aspects ambigus, préserve la place et la signification de Dieu. Imputer à l’Islam la responsabilité coupable de meurtres commis par des imposteurs, qui ont choisi délibérément d’éliminer l’altérité  (celle des autres aussi bien que la leur propre), revient à soutenir la lâcheté de tels actes et à aggraver l’aliénation sociale qui refuse la dépendance du signifiant et l’ordre symbolique. L’ineptie des taxinomies idéologiques, développées par le discours universitaire, procède d’une essentialisation qui confond structure et essence, corrompant ainsi le discours analytique, au nom duquel elle est mise en avant. C’est ce qui s’est passé avec le « malheureux » Kamel DAOUD (à propos des agressions sexuelles de Cologne) qui a révélé l’étendue de sa méconnaissance, au moment où certains pays occidentaux lui tressaient des couronnes pour mieux l’abêtir, c’est à dire le soustraire à la féminité – dont les traces sont bien présentes dans son roman- et l’en protéger, afin qu’il participe encore plus activement à la guerre des « non dupes » de l’inconscient. Si la féminité est essentielle discours analytique, c’est  parce qu’elle promeut une négation dont la congruence avec l’inconscient, libère de cette « hommosexualité », qui accompagne toutes les formes de prédicativité, réfractaires au vide qui génère toutes les conceptions, même celles qui ne cessent pas de le rejeter farouchement,  mais en vain. Contenu implicitement dans tout énoncé qui sous-tend un acte, le vide se « motérialise » et met au jour la polysémie et l’équivocité, qui permettent de dépasser un énoncé en l’évidant (déconstruction) et en produisant un autre. Ainsi, le progrès repose sur ce vide qu’il s’agit de « faire fonctionner à plein » (F. CHENG), afin que toute réalité acquière le statut d’une fiction dont la fiabilité procède de sa manière de cerner et de rendre compte de ce qui lui échappe, et par là même la détermine. Aussi, ce qui sert à la faire évoluer, finit-il par mettre en évidence la transcendance du vide, insaisissable comme tel, mais concrétisé et explicité par ce qu’il engendre et produit. Cette absence, toujours présentifiée, lui confère une éternité qui l’associe à la féminité en tant qu’elle articule la nécessité à cette négation si particulière qui est à l’œuvre dans la vérité, donnant lieu à un « mi-dit », inséparable de l’inconscient, qui ne peut se passer de contingence, laquelle ne cesse de le confirmer. Evider l’univocité sémantique imposée par les idéologies, revient à régénérer le vide grâce à la polysémie et à la plurivocité, qui confirme la « béance causale » ou le « troumatisme », comme le lieu d’ancrage et d’enracinement du sujet. L’hérésie du discours analytique sert à réduire considérablement l’impensé, dès lors qu’on n’est plus embarrassé par la quête ou la conquête d’un métalangage, prétendant obturer le vide, issu de la perte de la Chose, aussi bien. Le défaut radical de rapport sexuel, qui ne cesse pas de s’écrire, accompagne constamment les manifestations de la subjectivité, même à travers ce qui est « concocté » pour le refuser, comme l’uniformisation grégaire ou la conformité groupale. Invoquer la pluralité des opinions et des points de vue est appréciable, à condition que cette pluralité ne vise pas en vérité à mettre fin à la plurivocité et à la signifiance, et in fine à pervertir la structure signifiante. Présentée comme une fin en soi, paradigmatique de la « démocratie », elle porte préjudice au rapport métaphoro-métonymique, caractéristique de l’articulation signifiante.   Laisser accroire que les crimes pervers, sadiques, perpétrés par des fanatiques de la complétude moïque, sont contenus dans le corpus musulman,  et en procèdent de manière intrinsèque, revient en fin de compte à accréditer et à prendre part à la théorie du « choc des civilisations », dont l’ineptie est fondée sur la méconnaissance totale du rapport métaphoro-métonymique, établi sur le principe de la présentification de l’absence. Aussi, une civilisation quelle qu’elle soit, n’est-elle rien d’autre qu’une façon particulière de métaphoriser ce qui échappe immanquablement à ses membres, même si elle nourrit auprès d’eux l’illusion de le maîtriser, au risque de le corrompre et de l’avilir. Comme pour les individus, une civilisation est une façon particulière de rendre compte de sa dépendance du signifiant et du primat de l’ordre symbolique en tant qu’il met en évidence le ratage et l’incomplétude comme échos du vide essentiel qui les détermine en dernière instance. Une civilisation qui ne se reconnaît pas comme provenant de ce vide qu’elle pare en s’en emparant afin de se parer contre lui, conduit les membres qui la portent en s’identifiant entre eux par leur appartenance à elle, à une quête de plénitude de plus en plus exclusive, en revendiquant des moyens de plus en plus sophistiqués, destinés à « d’hommestiquer » virilement, et sans aucune humilité, ce vide qui échappe inexorablement. Le malaise qui s’ensuit se traduit par quantité de dérives mortifères et meurtrières, aggravées par les rivalités et les concurrences « hommosexuelles », qui finissent par attester, au bout du compte, que ce qui échappe, les défait et persiste en tant qu’il transcende les efforts « surhumains » des « idolêtres » de toute obédience. Je conclus mon propos en faisant appel à l’astrophysicien Jean-Pierre LUMINET qui s’interroge dans « Les figures de la science » (Ed. Parenthèses 2005) : … « Qu’est ce que le vide ? Normalement c’est l’absence de toute chose : vous prenez une boîte, vous enlevez les particules et les rayonnements. Dans la physique traditionnelle, il ne reste rien, mais dans la physique quantique, il reste quelque chose : de l’énergie à l’état pur, à son niveau minimal. Cette « énergie du vide » existe bel et bien, elle est prédite par la théorie et elle a été mise en évidence expérimentalement. La physique quantique nous apprend aussi que cette énergie a tendance à fluctuer spontanément ». En écho à ces arguments, je ne résiste pas au plaisir d’inviter feu Mahmoud DARWICH, pour qu’il nous  gratifie de quelques lignes de sa prose poétique, tirée de son ouvrage : « Présente absence » (Ed. Actes Sud 2016) : « Maintenant que tu gis sur les mots, seul, ceint de tubéreuses, de vert, de bleu, je comprends enfin ce que je ne comprenais point. Que l’avenir depuis lors est ton passé à venir ».

Amîn HADJ-MOURI 24/05/16

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