Réponses aux commentaires

En réponse à un commentaire d’Adrien LEFEBVRE

Je comprends ta réaction, mais je crois qu’il ne faut pas tomber dans le panneau de ces gens qui nous montrent – il faut les en remercier – comment et combien ils restent prisonniers du discours médical, même s’ils se réfèrent au discours analytique, au point que, sans qu’ils s’en rendent compte, ils pervertissent celui-ci par celui-là. D’ailleurs, c’est à mon avis très clair chez OURY: dès qu’ils se heurtent à l’écueil de sa théorisation plus psychologique qu’analytique, il se précipite sur la chimiothérapie et la sismothérapie, qui procèdent d’une logique qui n’a plus rien à voir avec celle de l’inconscient et du sujet. Cette impasse se voit au grand jour avec ses difficultés à articuler les 3 formes d’aliénation, qui sont à l’œuvre dans les troubles de la subjectivité. Il a du mal, parce qu’il reste captif du discours médical, à considérer que ce que dernier appelle aliénation mentale,ne relève pas d’une causalité confuse et brouillonne entre des déterminants ou des facteurs différents (biologique, social et psychologique), dont il s’agit d’évaluer le dosage, mais d’une logique spécifique, qui est issue de la perte (mort) définitive de l’être (ce que la philo appelle l’essence humaine). Cette perte est à la base, à la racine de l’aliénation symbolique ou signifiante que dénoncent et refusent aussi bien l’aliénation sociale que l’aliénation mentale. Autrement dit, la psychose, voire l’autisme sont en fait des adaptations à l’aliénation sociale (psychose sociale) qui fait tout pour en finir avec l’aliénation signifiante, qui impose l’inconscient en tant qu’il subvertit la complicité et la collusion entre l’aliénation sociale et l’aliénation mentale. Cette libération par et grâce à l’inconscient est inconcevable pour ceux qui considèrent que l’inconscient est un facteur d’aliénation, perturbant le moi. En effet, l’altérité que l’inconscient implique perturbe l’illusion de l’unité du moi, que l’aliénation sociale veut et cherche à imposer en promouvant des idéologies scientifico-religieuses, exclusives de la division que cette altérité impose à tout « parlêtre » (qui n’est parlêtre que parce qu’il n’est pas et ne peut en aucun cas être, quoi qu’il fasse). 

C’est cette hypothèse que je compte développer dans les prochains séminaires, si cela n’embête  pas trop Pierre SMET, encore trop assujetti à mon goût à la P.I

Voilà, n’hésite pas, même pendant la « trêve des confiseurs », de m’apostropher si tu lis quelque(s) chose(s) qui poseraient problème(s).
Bien à toi et que le Père Noël-auquel il faut toujours croire- remplisse bien tes souliers !!!!!

 

                                                                                                Le 17/12/2016

                                                                                                Amîn HADJ-MOURI

En réponse aux commentaires de Pierre SMET

Merci pour le texte de cette interview. En effet, il y a longtemps que j’écoute Cinthya FLEURY, avant qu’elle devienne psychanalyste. Comme philosophe, résolument située à gauche, j’appréciais certaines de ses analyses. Mais je pense qu’en tant qu’analyste, elle n’a pas à mon avis accompli sa rupture épistémologique, puisqu’à l’instar d’OURY qui « d’hommestiquait » la psychanalyse en la soumettant à l’impérium de l a médecine psychiatrique, elle la soumet à l’idéologie humaniste de la philo, qui ne veut rien savoir de la transcendance du sujet et de la castration symbolique. On retombe dans les mêmes recettes et les mêmes resucées de l’idéologie humaniste, qui se veut progressiste, mais qui fait l’économie de la logique spécifique de l’inconscient. C’est malheureux parce qu’on tourne en rond et les voeux pieux vont nous mener à  terme à la catastrophe  politico-institutionnelle, faute de « ciseler » un discours  qui soit à la hauteur des enjeux actuels, d’autant que nous disposons, grâce à des « éclaireurs » comme FREUD, LACAN et MARX, entre autres, des instruments conceptuels de grande valeur. A charge pour nous d’ en user de façon(s) telle(s) que la rupture qu’implique l’inconscient soit féconde quant aux innovations des rapports sociaux, placés sous la tutelle perverse et persistante de l’exploitation capitaliste, complètement hermétique à la fonction d’échange, qui met en valeur la parole.

Voilà ma première réaction « à chaud »!

Le 20/12/2016

Amîn HADJ-MOURI

Comme j’ai beaucoup à dire sur le sujet abordé par Cinthya FLEURY, je reprends mon argumentation, sans avoir la prétention d’épuiser la question. 

Le discours duquel cette praticienne de la psychanalyse, toujours contaminée par la philosophie, reste captive, ne l’autorise pas à mon avis d’accéder à la logique impliquée par le schéma Z de LACAN. Quant au soin médical ou chirurgical, proprement dit, pourquoi n’équivaudrait-il pas à une réparation? Comme à l’égard d’un bon mécanicien, le médecin qui répare bien, voire très bien une fonction ou un organe, pour maintenir en vie, fait preuve par là même d’humanisme. Si son acte exclut la subjectivité, c’est parce que son savoir et le discours qui le constitue, sont inaptes à appréhender celle-ci, sauf si elle est réduite et dégradée en un objet appartenant au grand bazar psychologico-philosophique. Dans le monde médical, l’hospitalité n’est pas offerte au sujet, qui est la négation-même de la toute-puissance moïque , à l’œuvre dans tout ce qui ressortit à la restauration et à la réparation ontologiques, que les « psy » de toutes sortes s’accaparent, allant jusqu’à s’emparer de l’inconscient qu’ils ne souffrent pas, mais qu’ils « d’hommestiquent » à loisir.

il faudrait relire et reprendre les analyses de Jean CLAVREUL, dans « L’Ordre médical », notamment à propos des errements psychologiques qui accompagnent la relation médecin-malade, et dont l’objectif in fine, en dernière instance, se résume à dévoyer l’inconscient qui y est toujours impliqué, en tout état de cause, Autrement dit cette relation spécifique n’est pas propice à la mise en évidence de la subjectivité, qui se voit refoulée par les deux protagonistes: le malade et le médecin, qui ne favorisent d’aucune façon le transfert, propice à la mise en évidence du sujet.

Aussi, n’est ce pas la peine d’accabler le médecin et de lui demander de s’intéresser à une dimension que son discours exclut afin de lui permettre d’ accomplir ses projets. En plus, comment peut-il renoncer à son fantasme qui le pousse à user de son savoir pour mieux démentir son manque à être ?. 

Certes, si sa conception du soin le pousse à mieux considérer le malade en cessant de considérer que toute humilité est une humiliation envers sa toute-puissance, c’est tant mieux! Mais ce ne sera qu’ à partir d’a priori plus estimables, qui s’avèreront de toute façon, fondamentalement incapables de saisir la singularité de chaque patient.

L’humanisme ne saurait se confondre avec la subjectivité et sa logique particulière. Il promeut une morale qui met en avant le respect et la politesse dus à des personnes affaiblies et soumises pour espérer continuer à vivre, à des attitudes paranoïaques provenant de ceux qui détiennent une tout-puissance désastreuse. Celle-ci est pourtant acceptée par une grande majorité des personnes, adaptées à des rapports sociaux, fondés sur l’exclusion du sujet et du manque à être, et de plus en plus partagés comme une fatalité. L’humanisme participe en fait à la quête éperdue de l’être. Et même s’il dénonce certains abus de la toute-puissance, il est confit et confiné dans une morale qui est « coupée » du sujet (de l’inconscient). Il a beau édulcorer et réchauffer la froide objectivité managériale et médicale en recourant « aux ficelles » de la psychologie: l’attitude compréhensive et l’empathie, il reste réfractaire et allergique à l’hérésie de la subjectivité.

(A suivre)

Le 21/12/2016

Amîn HADJ-MOURI

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