D.GUEVENOUX La Psychanalyse n’est pas une Weltauschauung

.Depuis Lacan, la psychanalyse est un discours d’où ça parle, mis à jour, découvert et articulé, par Freud le premier. Ce postulat n’en reste pas moins sulfureux aux « belles âmes » nombreuses et cantonnées aux replis stratégiques que leur offre le refoulement et dont la Cité les récompense d’une visibilité éhontée. Ce en quoi le « malaise dans la civilisation » confirme que s’y éprouve bien là une douleur, celle « d’une troisième blessure narcissique » infligée dès lors à l’humanité, épreuve comparable à une Révolution Copernicienne ! Après Freud et Lacan, les « parlêtres » ne sont même plus maîtres chez eux, le Moi ontologique se trouve relégué à une formation de l’inconscient dépendant d’une « autre scène » et dont l’effectivité des logiques sont si efficaces qu’elles s’avèrent imparables : Un lieu Autre où l’inconscient émarge comme « structuré comme un langage ». Plus encore qu’une révolution, après Lacan on assiste à une subversion même de la notion de sujet qui s’opère d’un Réel donnant aux réalités supposées figures de fictions. Comment dès lors rester indifférent quand un discours apparait dont les arcanes et la portée confinent à rapprocher la subversion Freudienne pour les sciences humaines au séisme de la théorie quantique pour la physique classique ?Quelques soient les détracteurs actuels tous au service du « Discours Capitaliste » qu’ils le sachent ou pas, ils réifient le sujet à l’hontologisme de leurs faux mérites thérapeutiques. En effet, depuis Freud, une autre efficace (de s’orienter d’un Réel à lire la structure des discours) ouvre une voie à l’x d’une fonction d’ek-sistence pour un sujet autre. A défaut, le Moi comme seul sujet est contraint à plus d’aliénations, réductibles toujours plus à se « calculer » variant au gré des réifications numériques qui l’enserrent davantage tendant à rendre compte du faux procès qui le défigure, la bonne intention de façade servant une « passion de l’ignorance » qui l’accable, ne serait-ce qu’à s’y éprouver comme victime ou sauveur.Le discours psychanalytique ouvre pour chacun un « à côté » aux discours dits « sphériques » inaugurant dès lors un lien social instruit d’un Réel dont l’éthique subordonne la paranoïa collective à laquelle le Moi s’aliénait dans l’impuissance de sa répétition. A contrario, le discours psychanalytique réussit là où la paranoïa échoue, c’est une formule Freudienne qui fraye depuis une direction. La Cure se doit d’en parcourir l’expérience qu’elle initie comme à travers les multiples effets qui se déploient dans la cure. Un important travail théorique s’en suit qui répond de cette expérience, ce en quoi chacun peut s’y atteler ne serait-ce qu’au titre d’y témoigner.C’est pourquoi cette année encore, nous maintenons notre activité à mettre à l’épreuve la parole « pleine » qui engage nos propres déterminations et à se constituer ainsi comme concerné(s) des effets de discours qu’elle implique et dont elle relève.Pas de morale, pas de concurrence, pas de publicité mais l’expérience d’un dire qui vaut pour chacun qui s’y risque s’employant à se soutenir de l’échappement dans son énonciation. Car c’est bien au « un par un » qu’un nouveau lien social doit (soll) émerger qui ouvrira au champ Freudien : Cela ne vaudra que du mérite de s’y exercer avec «quelques autres » œuvrant à la transmission d’un désir, d’un « désirautre » assurément. Au moyen de l’« Association libre » le thème de cette année est de s’y risquer de n’en avoir pas…« Wo Es war, soll Ich werden » en voilà une formulation.

Dominique GUEVENOUX

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