La trouvaille de Lacan, selon lui la principale, serait d’avoir introduit un objet dans la psychanalyse. Cet objet dit « a », écho à la lettre aleph ou référent à l’amalga tout aussi bien, est semblant, c’est à dire donnant lieu à l’illusion d’un objet réel avec cela en plus que, comme tout objet dans notre champ de conscience, il pourrait être désirable, ne sera-ce que de s’entretenir d’une finalité dernière, la satisfaction d’un sujet supposé le désirer, ce que son écriture du fantasme confirme. C’est très bien foutu Lacan et bien malin celui qui le délogera cet objet depuis qu’il l’a situé de la sorte. Ça semble même imparable au point que cette formule du fantasme (S barré <>a) comme objet théorique touche à un Réel , je veux dire confirme sa réalité de n’être pas lui l’objet d’un fantasme ! En sorte qu’il a bien introduit là un objet «  véritable », entendez non pas un objet illusoire mais un objet Réel qui émarge à une vérité incontestable en quelque sorte…c’est dire que les psychanalystes depuis, eh bien, ca leur reste en travers de la gorge, pour d’ autres ça leur cloue le bec… (rires) pour d’autres encore Ça leur coupe la chique (rires). En effet, comment après un coup pareil, un coup de Maître, ne mâchons pas nos mots, comment pourrait on faire un pas de plus ?
C’est comme pour Mozart, dans le film «  Amadeus», enlever une seule note de son opéra et c’est toute la partition qui s’écroule (rires)…
Qui se risquerait à prétendre pouvoir aller plus loin que le Maestro? C’est tellement génial, vraiment génial !
Eh bien quelqu’un (j’en ris encore) qui, comme Salieri pourrait le dire, serait « celui là » auquel Mozart s’adresse au fond, auquel le compositeur rend hommage même s’il le ne le sait pas, celui là c’est l’Autre, cet Autre qui s’est barré, qui se signifie de cette barre, ce S(A barré)…d’un nom imprononçable, que notre Moi du coup ne peut qu’hypothéser, qu’appréhender que sous la forme d’un postulat nécessaire, n’approcher lui semble t’il, d’où il parle, qu’en tant qu’il lui parle et auquel il s’adresse à lui, que dans la transcendance…revenant du coup aux oripeaux de son imaginaire débordé dès lors.
D’où la difficulté de suivre quelqu’un comme Spinoza : Dieu c’est la Nature, évoquant une immanence d’ avant l’existence…Convoqué un Dieu « créateur de toutes choses » lui valu l’excommunication et presque la mort comme vous le savez. Il est étonnant que c’est la figure que Lacan retient, s’identifiant alors au philosophe, pour parler de son propre rejet de L’IPA et quasiment de l’inquisition qui s’en suivit…et au delà de lui auprès même de ses analysants
, leur intimant aussi de choisir leur camp : L’IPA qui vous adoubera ou Lacan l’apatride, le sans croyance ni loi !?
Ça n’a pas dû être drôle pour lui qui prit alors le risque de «  fonder » sa propre École comme on dit: – « Je fonde » …il crée ce qui n’existe pas avant lui ! Entendre le geste, c’est crucial! Vous vous doutez bien sûr que cette affaire va très vite faire Église et que des suivants vont accourir chez lui (rires). On connaît la suite logique à cette histoire…la « dis solution » qui va en laisser plus d’un sur le carreau, déconfiture garantie (rires).
Cette bombe à fragmentation a-t-elle portée ses effets, effets de Vérité? Oui et non…des îlots plus ou moins importants se sont aussitôt créés, les héritiers se disputant l’héritage… du nihilisme ambiant encore aujourd’hui: Les cons, ils n’ont toujours pas saisi ! Faut dire à leur décharge que Lacan lui même n’a pas fait mieux que Freud de ce point de vue. Prétendant laïciser enfin, il s’est fait avoir une fois de plus car je crois la conclusion insupportable même pour Lacan ! Sa procédure de la Passe est l’exemple de cet échec…
Il y’a donc quelque chose qui ne va pas et là, à cette littoralité, Lacan s’est arrêté, il a planté sa tente sur la plage et depuis les suivants, face à la formule du fantasme, font cuire des saucisses au barbecue (rires). Ils mangent du Freud, du Lacan. C’est plus ou moins poivré, salé, sucré…et ça tient au corps, Ça consiste, Ça donne des clubs «  autorisés », de ceux là dont « l’éthiquette »
fait propre sur eux. La bonne foi, assurée de démonstrations livresques, se décline selon des étendues entendues, des circuits remarquables. Parfois la Messe est dite, vient qui veut, le rituel des respectueux ordonne les débats autour du Livre…
La bonne Foi, c’est ça « l’embêtassement », Ça occulte la question laissée par Lacan et quelques autres autour d’une Écriture, celle du fantasme, de l’introduction de l’objet « a »…je dis cet objet surtout car pour moi, passés d’autres angles et ils sont nombreux bien sûr, il reste ce truc, ce « a ». Lacan le savait bien, il y insiste…
D’ailleurs, c’est là qu’il y met son accent, l’agent même du discours psychanalytique. Il y met tout son cœur durant plusieurs décennies…et puis il campe, au club Med c’est très tentant de jouir, c’est une vedette fait dire, je ne lui lance pas la pierre…Le problème voire ce coinçage de « a » bloque la recherche à cette écriture, à l’Ecrit tôt! (Rires)
Depuis 40 ans, même le Club Med finit par décliner…les jeunes préfèrent le «  virtuel » qui leur donne l’illusion du «  tout » tout de suite, l’effet du cout-circuit pulsionnel, de la satisfaction hallucinée…

Dominique GUEVENOUX

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