Journée de travail Féminité et pouvoir

Samedi 10 juin – 14h

9-11 Rue Barbier Maes LILLE
Tarifs: 10€/8€

Féminité et pouvoir

Journée de travail collectif des membres de l’AECF Lille sur le thème de la féminité

Liste non définitive des intervenants: – Daniel Acanthe (sous réserve) – Jean-Charles Cordonnier (« Féminité e(s)t Unheimliche ») – Maryse Deleplancque (« Féminité ou poésie de l’inquiétude ») – Anne-Claire Duez (« Réseau et hiérarchie »), – Dominique Guevenoux, – Amîn Hadj-Mouri – Benoit Laurie (« Le féminin en représentations ») – Marie-Hermence Montabord – Rachid Mokhtar (sous réserve)…

Avec la participation de Jean-Michel LOUKA pour discuter des travaux et présenter les siens, notamment son dernier ouvrage paru en octobre 2016 (ed. Lambert-Lucas) : Féminin singulier , une étude lacanienne.

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Argument :

La psychanalyse est politique… de la féminité !
Une remarque sur les articles.
Nous avons sans doute tort de parler de la psychanalyse ; la psychanalyse est comme la femme, elle n’existe pas – renvoyant à une logique où la rencontre se fait au un par un, battant en brèche les velléités totalisantes et totalitaires. Pour autant, peut-on dire, en dire, lui faire dire n’importe quoi ? Evidemment non. Certain(e)s pourtant ne s’en privent pas, se prennent pour des psychanalystes (et non pour des non-analystes) et dès lors la diffament (cf. Lacan, séminaire Encore).
Quant à politique, l’absence d’article (le ou la ?) invite au choix, à prendre position et responsabilités. Dire que la psychanalyse est politique de la féminité c’est dire une issue pour la cure, quel que soit le sexe anatomique de qui s’y engage et de ses options sexuelles. Il va sans dire que nous n’essentialisons pas, encore moins depuis l’anatomie. Par exemple, en quoi l’accession d’une femme d’extrême-droite à la présidence de la république serait un progrès, un succès pour les femmes, pour le féminisme ? Nous ne disons pas qu’il y a un mode féminin de la politique (logique sphérique), nous disons qu’il y a un mode psychanalytique de la politique qui a pour nom la féminité (logique asphérique), un mode qui s’affronte au phallus comme pas-tout (ça n’est pas tant le pas-tout contre le phallus que le phallus comme pas-tout).
D’ailleurs, parler du signifiant phallus ne convient pas ; phallus est un signifié et non un signifiant (comme par exemple papa ou maman dans une cure). Signifiant phallique convient mieux ; mieux encore : fonction phallique (puisqu’il y a à distinguer la fonction en intension et les objets en extension). Pour mémoire, un signifiant ne tient pas seul ; il n’y a de signifiant que dialectiser avec un autre. Ici, phallus se dialectise, s’articule à merveille avec trou. Et on aurait bien tort de se laisser aller à prendre le trou pour un vagin ! (Le « qu’on dise… » n’est pas monologue du vagin…) Le trou n’a pas de fond. Le trou pour dire l’orifice est impropre. Le corps n’est pas tant troué (quoi qu’on comprenne bien que Lacan doive dire ça contre le moi-peau de D. Anzieu, notamment) que perméable, pénétrable. L’orifice pris comme trou nous intéresse du fait des bords (cf. la logique pulsionnelle). C’est par les bords que l’on rencontre l’autre – la glissade est rapide qui nous ferait aller du bord à la limite et faire de la pratique psychanalytique une (ré)éducation des nouveaux sujets (sic) face aux limites malmenées (cf. « la théorie évolutionniste » de la psychanalyse que démonte M. Zafiropoulos dans ses travaux d’anthropologie psychanalytique).
La fonction (phallique) en intension se saisit récursivement ; pas besoin de rendre réversible (donc sans continuité möbienne) des objets phallicisés en extension pour s’illusionner d’un progrès.
Venons-en à notre titre. Telle pourrait être notre contribution à l’entendement de l’actualité des tueries de masse : « Mal et féminité » en somme. Le witz qui se dessine est facile oui mais pas gratuit (un trait d’esprit qui ne porte pas à conséquence tombe du côté du lapsus, du symptôme lacaniste dirais-je). Appuyons-nous sur un produit culturel populaire au succès indéniable (dû sans doute aux ficelles inconscientes qu’il ne cesse d’agiter : parricide et inceste en tête. Je ne discute pas de ses qualités, qu’il s’agisse du format écrit ou du format visuel) : à savoir la série Game of Thrones. Le monde dans cet univers fantastique médiéval imaginaire évolue, notamment et surtout, entre deux femmes fatales (la femme fatale – qui n’existe pas – est un fantasme masculin et le masculin n’est pas l’essence de l’homme ; ce qu’il y a c’est la fatalité de la féminité), entre deux reines : Cercei Lannister et Daenerys Targaryen au style différent peut-être mais à l’ambition identique : accéder au pouvoir total. Je m’arrête sur une scène en particulier : un intriguant menace à mot couvert la reine Cercei en lui disant « le savoir c’est le pouvoir », ce à quoi elle répond d’un mot qui a pour effet immédiat que les gardes qui l’accompagnent portent leurs armes sous la gorge de l’intriguant et elle d’ajouter « le pouvoir c’est le pouvoir » ; il ne lui reste plus qu’à promettre le silence… pour ne pas être réduit au silence. Cette scène dit le rapport de force, dit la dimension morbide du pouvoir qui a pour possible la destruction pure et simple de l’autre ou à tout le moins la servitude par la peur. La violence de cette série a l’avantage de présentifier l’absence de sexe du pouvoir : le phallus n’a pas de sexe ! (C’est une erreur de lecture a visée idéologique qui fait prendre cette scène pour du féminisme.) Nous posons dès lors que la politique qui se déduit de la psychanalyse et qui a pour nom féminité est un combat pour la renonciation au pouvoir (il faut entendre qu’il y a énonciation dans renonciation, à un accent près), un combat quotidien pour laisser la place vide…
JCC.

Bibliographie non exhaustive : (Je ne donne pas de référence précise pour S. Freud (cf. les textes sur la féminité qui couvrent toute son élaboration), J. Lacan (cf. entre autres le séminaire Encore et L’étourdit) et R. Lew (cf. par exemple Politique du corps et de l’écriture) ; tout est à lire et le présent argument ne tient pas sans eux.)

Günther ANDERS : La violence : oui ou non (1987), Paris, éd. Fario, 2014.
Paul-Laurent ASSOUN : Freud et la femme (19..), Paris, éd. Payot, nombreuses rééditions.
P.-L. ASSOUN et M. ZAFIROPOULOS (dir.) : Figures cliniques du pouvoir, Paris, éd. Anthropos/Economica, 2009.
A. BOURREAU et C. PENEAU : Le deuil du pouvoir, Paris, éd. Les Belles Lettres, 2013.
Pablo IGLESIAS (dir.) : Les leçons politiques de Game of thrones, Fécamp, Post-éditions, 2015. (cf. https://www.youtube.com/watch?v=sKTc8Chvw5k )
Hervé VAUTRELLE : Qu’est-ce que la violence ?, Paris, éd. Vrin, coll. « Chemins philosophiques », 2009.
Markos ZAFIROPOULOS : La question féminine, de Freud à Lacan, Paris, éd. PUF, coll. « Philosophie d’aujourd’hui », 2010.
M. ZAFIROPOULOS (dir.) : La question féminine en débat, Paris, éd. PUF, 2013.
M. ZAFIROPOULOS : Du père mort au déclin du père de famille, Paris, éd. PUF, 2014.
M. ZAFIROPOULOS : Le symptôme et l’esprit du temps, Paris, éd. PUF, 2015.
Nathalie ZALTZMAN : L’esprit du mal, Paris, éd. de l’Olivier, coll. « penser/rêver », 2007.
N. ZALTZMAN (dir.) : Psyché anarchiste, Paris, éd. PUF, coll. « Petite bibliothèque de psychanalyse », 2011.

Vous pouvez télécharger, imprimer et diffuser l’afficheAffiche Féminité et Pouvoir
 Ou nous la demander à nos prochaines rencontres!

 

Les enregistrements

Maryser DELEPLANCQUE

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Dominique GUEVENOUX

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Rachid MOKHTAR

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Benoit LAURIE

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Amîn HADJ-MOURI

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Jean-Michel LOUKA

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