Sur la radicalité – Amîn HADJ MOURI

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Il s'agit d'une réponse que j'ai adressée à Jean-Claude FAUVIN. 
Il peut servir de texte préparatoire à la conférence du 23 avril.



LA  RADICALITE  DU D.A TERRORISE LA XENOPATHIE CONSENSUELLE …ET TOTALITAIRE.

 

« La goutte d’eau à force d’opiniâtreté force le rocher. »
                                                                                   AL-FARABI
 

Je ne crains aucunement que ce que je dise ou écrive soit qualifié de terroriste, dès lors que je perçois chez ceux qui procèdent de la sorte, une tendance à s’identifier aux guérisseurs de la condition de dupe de l’inconscient, pour renforcer les rangs des non-dupes, qui sont en vérité des massacreurs de la subjectivité. Leur humanisme représente en général la plus farouche et la plus hostile des résistances contre l’inconscient et contre le discours analytique, lesquels ne cessent de mettre en valeur l’ab-sens et le signifiant du manque dans l’Autre, insupportables et insoutenables pour les tenants de l’ontologie, détracteurs, de surcroît de la lettre.   Prétendre respecter scrupuleusement le discours analytique, en restant fidèle à la structure signifiante, peut susciter une certaine hantise dès lors que la plurivocité feinte de certains idéologues, affirmant « incarner» la démocratie, est mise au jour. Le recours facile au terme « terroriste » -notamment par les temps qui courent, et qui réduisent notoirement sa polysémie- montre l’état de paresse intellectuelle et le niveau d’impensé,  auxquels est soumise de nos jours la psychanalyse. Toujours est-il que, s’il fallait être terroriste, je me situerais sans nul doute du côté de ceux qui ont résisté et ont été traités de la sorte par les nazis et leurs collaborateurs, comme Jean CAVAILLES et Georges POLITZER, ou bien MANOUCHIAN et son groupe, entre autres. Je me situerais également du côté de ceux  qui ont été qualifiés de rebelles, de terroristes, de « fellaghas »  par les colonialistes et leurs sbires durant la Guerre d’Algérie, à l’image de Maurice AUDIN et de Fernand IVETON, et de bien d’autres encore. Mon éthique me semble assez robuste pour ne pas trahir, lâcher la fonction signifiante et pour ne pas défaillir face à cette structure du sujet, si terrible pour le moi, au point qu’il tente vainement de l’exorciser par la fabrication d’un symptôme. C’est à partir de la signifiance , en tant que transcendance des sens, que je donne de la valeur à l’échange et l’oriente vers un débat digne, aussi sérieux que vif, afin de nourrir le disensus et de soutenir une opposition étayée et argumentée, privilégiant la littoralité, fondée sur la logique signifiante, à l’éradication sectaire, incompatible avec l’éthique du D.A.   Ma responsabilité tend à exclure la mièvrerie des positions : toute controverse et tout débat doivent être solidement assis, pour qu’ils puissent mérités d’être, comme tu dis «  utile pour nos préoccupations psychanalytiques ». Aussi l’âpreté des échanges, les formulations incisives n’ont-elles pas à être confondues avec cette violence, de mauvais aloi, qui, adressée à des personnes, bafoue elle aussi in fine le signifiant.   La « soft barbarie », associée au discours du maître, procède de son refus de la duperie de l’inconscient, qui est inhérente au défaut de rapport sexuel, lequel défaut mobilise toutes les âmes charitables (sous la férule d’experts et de spécialistes dont l’illettrisme est à la hauteur de leur méconnaissance), pour renforcer et aider à renforcer l’infatuation des moi, amputés par le sujet et la castration symbolique qu’il engendre, les privant ainsi de leur totalité ontologique.  Ce summum de l’amour humaniste du prochain, détermine quantité de pratiques idéologiques qui se définissent comme des soins et qui aboutissent en fin de compte à des massacres programmés de la subjectivité. Des institutions soignantes deviennent des lieux de massacre de la subjectivité, sur lesquels  règnent le discours médical et ses sous-produits, comme celui de la psychologie, qui « prend en otage » la psychanalyse, bafouant le discours de celle-ci et pervertissant le concept de sujet, dans le sens où il représente la négation-même du moi, sans laquelle il ne saurait exister. Cette division constitutive de la subjectivité fait échec à l’infatuation moïque, qui aggrave l’illettrisme accompagnant les tentatives de libération de la condition de dupe, productrice d’hérésie, dès lors qu’elle met en évidence le rien et «  l’ab-sens ».   La coalition et la complicité des tenants de la fatuité réactionnelle sont d’autant plus fortes que la duperie de l’inconscient leur impose qu’ils ne sont plus maîtres chez eux. C’est d’autant plus terrorisant que ce « malheur narcissique » et la nostalgie qu’il génère, provient en vérité d’une familiarité refusée, et qui est reléguée à une place lointaine et étrangère. « L’inquiétante étrangeté » est terrorisante pour les infatués, qui se meurent de leur propre infatuation, faute d’accepter leur enchaînement radical et définitif à la chaîne signifiante, plus fécond quant à la variété des possibilités qu’il offre, dont  celle, essentielle, du « plus de jouir ». Cette infatuation moïque prend appui et aggrave l’aliénation sociale sous toutes ses formes : elle se sert de tous les savoirs existants pour maîtriser la vérité qui lui échappe inexorablement, et qui renvoie à l’aliénation signifiante en tant qu’elle met en évidence la mort de l’être et engage le principe essentiel de la présentification de l‘absence, dont ne veulent rien savoir les conceptions réparatrices du défaut de rapport sexuel ainsi que celles de l’obturation du trou de l’échappement, qu’elles soient de nature religieuse et/ou scientifique. Il en est ainsi de la prolifération des interdits surmoïques qui visent à disqualifier et à exclure le « plus de jouir ».   Je ne fais pas partie des « réalistes », qui entretiennent la pernicieuse confusion entre réel(s) et réalité(s). Lorsque j’ai fait allusion, lors de la réunion du 17/01/16 chez René, à une anecdote personnelle, c’était pour montrer comment une petite histoire personnelle s’articule avec la grande Histoire, et comment celle-là reçoit ses déterminations de celle-ci sans perdre ses spécificités, même si elles paraissent de prime abord amalgamées, voire confondues. C’est à la lumière d’un discours- qui se spécifie de la place et la valeur qu’il concède au signifiant- que l’interprétation des rapports entre elles évoluera, favorisant ainsi dans le meilleur des cas l’émergence de conditions nouvelles qui permettront  son propre dépassement, sans pour autant que cela signifie son anéantissement. Cette substitution par dépassement se fonde sur la seule place accordée au signifiant et à la signifiance, cheville ouvrière qui préside à tous les réaménagements intellectuels et affectifs. Le dépassement d’un discours par un autre, qui prend en compte l’excès, (l’ « en plus » métonymique,) induit par le ratage, rejoint un des aspects de la problématique de la passe en tant qu’elle met en continuité ce que tu sembles vouloir maintenir séparés : à savoir « un privé séparé d’un public », écris-tu ! Comment ce qui ressortit au « personnel », au « privé » peut-il se formuler de telle sorte qu’il devienne public sans porter préjudice à l’éthique du discours analytique ? Il s’agit pour moi de subvertir toute référence originaire pour proposer de l’original qui dépasse l’originel, en ne cessant pourtant de mettre en évidence un enracinement définitif et irréversible, celui qui se répète inlassablement : l’implantation dans le signifiant, qui s’accompagne d’une altérité intime, facteur de division, dont témoignent l’inconscient et ses formations.   L’épuration de cette altérité demeure le projet curatif et thérapeutique de maintes théories médico-psychologiques s’identifiant et/ou se référant à la psychanalyse. Insister sur sa nature structurale permet de constater que ce qui terrifie, voire terrorise, ce n’est pas tant son étrangeté que sa familiarité, dont on ne veut rien savoir. Rappeler sa familiarité et sa proximité ( passer d’une conception du propre à un autre sens du propre grâce à sa polysémie et à l’équivocité) peut ébranler une méconnaissance dont on s’ingénie à renforcer la fonction de rempart, de résistance invulnérable au profit de l’infatuation du moi et  contre l’inconscient, qui met en jeu, à partir de cette altérité-même, la « béance causale », propre au sujet et à son existence. Cette altérité n’est ni essentialiste, ni essentialisante. Elle n’alimente aucun différentialisme à visée ontologique. Elle met en continuité, non sans les distinguer, la différence avec l’identité pour mettre en évidence, non pas une unité, mais une « unarité », qui bat en brèche toute illusion de totalité unifiante, laissant accroire que l’harmonie ontologique proviendrait d’une complémentarité entre l’être et l’avoir, dans le cadre d’une relation objectale idéale, réalisant la complétude, au détriment du désir. A ce propos, je préfère –et de loin !- Marguerite DURAS,  qui écrit dans La Musica 2ème : « Du désir il y a ou un oubli total, ou une mémoire totale …aucune ombre. » aux inepties d’un Alain Badiou, qui en est encore, pour spécifier des groupes tentés par le fanatisme religieux, islamiste en l’occurrence, à user d’expressions comme « désir d’être » et « désir d’occident », sans préciser au passage que toute quête ontologique de type prédicatif est  une illusion (comme si l’Occident avait trouvé l’antidote au manque à être ) qui contrevient au désir et à sa structure.   L’humanisme, sous toutes ses formes, débouche irrémédiablement sur l’éviction du manque à être, dès lors que l’inconscient et son asphéricité, n’y ont pas droit de cité. Il contribue à développer la nostalgie  d’un âge d’or, mythique et mystificateur, durant lequel  le moi était maître souverain en sa demeure, et de laquelle il a été délogé injustement par une altérité « terroriste » qui l’a soumis à la division, en lui imposant le sujet. Pour certains, la psychanalyse va servir à recouvrer ce territoire perdu provisoirement,  et qui est source de souffrances et d’algies diverses, dont celle qui provient d’une atrophie relative du moi. Le retour salutaire, soutenu par un amour grandissant envers ce dernier, trouve un appui considérable auprès du surmoi dont les ressources en tyrannie et en despotisme plus ou moins féroces, sont incommensurables. L’équivalence et la confusion entre la jouissance phallique et  l’hypertrophie exacerbée du moi sont à leur comble. La familiarité avec l’altérité douloureuse cesse et laisse place à une xénopathie, source d’affects nostalgiques et préventive, voire purificatrice de toute étrangeté menaçant « le  propre ». En fin de compte, plus l’humanisme s’impose et plus le rejet de l’inconscient s’affirme de la part de ceux qui souffrent d’une altérité insupportable pour leur moi, qu’ils aiment par dessus tout !   Lacan, dans Télévision (1974), avait bien perçu ce mouvement qui lui faisait prédire l’extension et l’aggravation du racisme, entre autres. Les idéologies exclusives du sujet (de l’inconscient) se multiplient  d’autant plus que les méprises qu’elles engendrent, méprisent ce dernier, et finissent par les disqualifier elles-mêmes, et les déshonorer. La « folie de la guérison » du manque à être, qui comporte la résorption du défaut de rapport sexuel, nourrit la convoitise d’un métalangage, entretenue par la nostalgie d’un moi harmonieux. Cet objectif est constamment ravivé par les progrès des connaissances, qui nourrissent cette illusion « universelle » visant à en finir avec le manque à être. Il ne convoque pas seulement des progrès scientifiques, ou des conceptions religieuses, mais aussi toutes les formes d’impostures idéologiques, dont le seul souci consiste à exclure le sujet, qui, heureusement ne se tait jamais, et inquiète à ce titre. Si bien qu’aucun parlêtre ne loupe jamais le manque à être, même s’il lui impute son insécurité. Le manque à être est immanquable ! quelle que soit l’intensité de l’acharnement ontologique qu’on lui oppose pour lui faire échec. Si l’impossible est contenu quoi qu’il en soit dans toute conception ontologique qui le dément, il s’agira de le libérer et de le mettre au jour, à partir d’un discours qui entend et conçoit correctement sa place, dès lors que la signifiance est respectée. C’est ce qui est attendu du discours analytique à partir des autres discours, -notamment celui du maître- qui lui sont nécessaires, en tant qu’ils ressortissent au signifiant, et même s’ils tentent de le mettre en échec, en niant son déterminisme.   Plutôt qu’une union « unifiante », soutenue par le rejet du réel, il me semble que l’éthique de la psychanalyse invite à une désunion, fondée sur le réel,  liant les parlêtres qui mettent en commun son insaisissabilité et son immaîtrisabilité, afin de mettre à profit l’échappement de la vérité tout en tâchant de « bien dire » la radicalité de l’enracinement dans le symbolique (ancrage indéracinable), dont l’incomplétude résonne avec la dépendance du signifiant. Tenir à cet enracinement irréversible et à l’aliénation signifiante, favorise et facilite l’abandon de notions médico-psychologiques comme les structures mentales et la personnalité soumises à la docimologie béatifiante , qui infestent le champ analytique en promouvant des conceptions diagnostiques essentialistes et réifiées, niant le primat du signifiant et sa fonction. Le statut de sujet de l’inconscient que refuse le moi, est combattu avec la même force par les  rapports sociaux, (« psychose sociale ») qui produisent et maintiennent les conditions d’une aliénation, promotrice d’un amour du tout, antagonique et antinomique du « plus de jouir ». Le discours capitaliste joue un rôle majeur dans le renforcement de l’aliénation sociale, qui consolide le refus de savoir concernant l’aliénation signifiante et l’enracinement dans le symbolique. Il contribue grandement à l’essentialisme ontologique qui ne souffre pas la signifiance et nourrit les nostalgies de l’âge d’or, grâce à des idéologies qui sont engagées – explicitement et/ou implicitement- dans la lutte des classes,  et donnent lieu à des conflits théorico-politiques, dans lesquels le sujet et le plus de jouir, liés à la négation de l’être, sont des enjeux de taille. C’est dans un tel cadre que ce qui apparaît comme éminemment personnel peut, après avoir été bien élaboré et précisé quant à sa formulation, rejoindre des problématiques théoriques, pouvant désormais passer au public. Il en est de même pour  la mise en œuvre de la négation qui sert à critiquer des énoncés en les évidant, sur la base des rapports moebiens entre S2 et S1. Evider les énoncés par le travail critique s’appuie sur la structure du signifiant et ses effets. Celle-ci peut cependant disparaître aussitôt dans la nouvelle construction qui en procède. L’enrichissement que représente la nouvelle conception, peut se perdre sous la forme d’un pervertissement idéologique, qui montre alors que S1 n’a pas été assez inclus dans ce qui a été déconstruit/ construit et engendré par la critique, dont la radicalité laisse, après coup, à désirer. Cette radicalité ne signifie pas l’épuration/la purification par élimination de toute scorie inhérente à S2 (asepsie de la paire signifiante). Elle signifie la  mise en place de conditions qui permettent de repérer comment certains rapports entretenus avec des S2 peuvent entraver l’émergence de S1 et renforcer in fine la dérive idéologique que ceux-là déterminent, au détriment de la signifiance, et partant de l’objet a.   Le parlêtre, définitivement exilé de l’être, connaît une errance qui ne signifie pas pour autant égarement ou errement. Cette errance suit les voies du désir et de la structure de sorte que le signifié est associé, articulé au signifiant en en restant à jamais séparé. C’est là une loi de l’ordre symbolique qui met à mal les législations instaurées par/et pour l’aliénation sociale, peu soucieuse de ce dernier, du fait de sa tendance à induire une imprédicativité, battant en brèche le projet conjonctif du fantasme (prédicativité), qui ne peut se passer cependant de sa part disjonctive, en tant qu’elle débouche inévitablement sur le ratage, qu’il ne faut pas confondre avec l’échec, en ce sens qu’il souligne le « rapport d’exclusion interne » qui lie le sujet à l’objet. La radicalité imposée par le signifiant/l’ordre symbolique peut être terrorisante pour ceux qui les confondent avec les idéologies humanistes, toujours grosses de totalitarismes, dès lors qu’elles confondent l’Homme avec le sujet de l’inconscient. Cette confusion conduit à plus ou moins long terme au rejet de toute altérité, vécue comme menaçante pour une  intégrité du moi, d’autant plus illusoire qu’elle s’avère inconcevable sans l’inconscient. La radicalité du D.A consiste à ne lâcher d’aucune façon la fonction signifiante et la signifiance, pour que la nécessaire sphéricité initiale  soit dépassée, sans qu’elle favorise d’aucune façon une quelconque réification, exclusive du signifiant et de la signifiance. Ainsi, cette radicalité contribue à « compactifier la faille » grâce au travail d’évidement, fondé sur  la structure du signifiant, qui condense la permanence du manque à être, la consistance du non rapport, producteur de tous les rapports, qui tout en l’ intégrant, s’avèrent à la fois différents et identiques : ils rendent compte chacun à sa manière de ce qu’ils contiennent tous et qui leur échappe en même temps : le réel. Ces rapports sont les présentifications du non rapport qui les dépasse toujours et les excède, garantissant ainsi l’asphéricité par une métonymie, toujours menacée par les tentatives –nostalgiques- de retour à l’origine et à l’ontologie, terre promise des  adeptes des idéologies sphériques.   La radicalité de la littoralité, qui prône la mise en continuité de ce qui est opposé, de ce qui est différent avec ce qui est identique, est terrorisante pour les théories partitives et ségrégatives, qui réifient la différence  et la délient de l’identité, afin de s’adonner aux massacres de la subjectivité, allant de l’exclusion sociale à l’élimination physique. Mettre en déroute et en faillite les efforts moïques et surmoïques  destinés à se débarrasser de la faille et de la béance causale, avec le concours de théories diverses, qui promettent une prédicativité infaillible, fait partie de l’éthique du D.A en tant qu’elle préserve l’ex-sistence subjective par le truchement du désir, qui subvertit les rapports objectaux, en libérant tout objet de son assignation à suturer ce qui est à sa source et le provoque. Mettre en avant le sujet, l’inconscient et ses formations, revient à  valoriser la négation, qui est engagée dans tous les secteurs de la subjectivité, et qui peut terroriser ceux qui ont pour projet d’exacerber de manière mortifère l’hypertrophie du moi, en faisant croire à son autonomie et à sa liberté souveraines, comme le prônent nombre de théories de l’individualisme.   Les allergies à la condition de dupe de l’inconscient sont fort nombreuses : même parmi ceux qui invoquent la psychanalyse, cette condition n’est guère enviable. Elle est alors très souvent soumise à une édulcoration, voire à une dissolution dans une idéologie qui a le vent en poupe, et qui autorise des réactions très violentes à l’endroit de l’inconscient. La méconnaissance de la structure et le refoulement secondaire jouant à plein, les formations de l’inconscient restent familières, malgré leur mise à distance. Elles finissent par montrer que l’inconscient est indomptable face aux manœuvres et pressions ontologiques de toutes sortes. Elles échouent à l’éradiquer car elles sont –et resteront- toujours tributaires du signifiant qui démystifie tout mythe d’une origine, forclusive de la « béance causale »,  dont la transcendance soutient le semblant en tant qu’il est constitutif de toutes les réalités, entendues comme autant de fictions, nécessairement arrimées à cette « fixion » qu’est la lettre. Elle procède de la Chose et dote la coupure épistémologique freudienne d’une dialectique qui permet d’éviter des révolutions consistant à tourner en rond, passant d’une sphéricité à une autre. En effet, il ne s’agit pas d’exclure ce qui est opposé, distinct et différent au nom d’un consensus sectaire et uniformisant, mais de l’intégrer en tant qu’il est issu de la fonction signifiante,  qui lui donne une même identité : celle de matérialiser et de traduire de façons différentes ce qui est commun à tous les points de vue, à savoir l’échappement de la vérité, qu’ils ne peuvent que « mi-dire ».

Amîn HADJ-MOURI 07/04/2016

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