DOCUMENT DE TRAVAIL (FIN)

DOCUMENT DE TRAVAIL (FIN)

Ce dernier texte a pour objectif de rendre compte, le plus précisément possible, de la consistance de la logique propre à l’inconscient, ainsi que la formalise le mathème lacanien du discours analytique.

J’espère de la sorte expliciter mes positions afin qu’elles ne soient pas confondues avec certaines dégradations, -plus ou moins graves- que subit ce dernier au nom d’une liberté dictée par une infatuation moïque, doublée d’illusions ontologiques compromettant la dialectique spécifique que l’inconscient imprime à la nécessité et au contingent, comme à l’impossibilité et à la possibilité. Ces quatre pôles constitutifs de la structure du sujet animent la dynamique de celle-ci. Leur fonctionnalité procède de la dialectique spécifique que la « béance causale » impulse en mettant en évidence l’objet a comme « cause du désir ». Ainsi, ceux et celles qui « connaissent suffisamment bien le bréviaire freudo-lacanien »,à l’image de Dominique GUEVENOUX, ont de quoi « perdre leur latin », tant ils (elles) méconnaissent et bafouent la « lalangue » (LACAN) qui transcende, en raison du signifiant, les différentes langues. Exposer ses propres hypothèses de telle façon qu’elles deviennent discutables, c’est-à-dire propices à la disputatio, n’est pas à la portée de n’importe quel (quelle) passionné (e) d’ontologie !

                       LE RATAGE NE RATE JAMAIS SON RENDEZ-VOUS !

« Ainsi, le point de vue fécond n’est autre que cet « œil » qui à la fois nous fait découvrir et nous fait reconnaître l’unité dans la multiplicité de ce qui est découvert. Et cette unité est véritablement la vie même et le souffle qui relie et anime ces choses multiples. » (Alexander GROTHENDIECK. Récoltes et semailles. Tel Gallimard 2022).

« Dis donc, ton Lacan c’est vraiment le comble du « parlêtre » ! Il absorbe des maths pour pouvoir dire son idée. » (Alain Connes in Alain CONNES et Patrick GAUTHIER-LAFAYE. « A l’ombre de GROTHENDIECK et de LACAN. Un topos sur l’inconscient ». Odile JACOB.2022).

Jouir du ratage implique et fait valoir le « non-rapport » ! C’est-ce que réserve la jouissance phallique à tout « être parlant », quel que soit son sexe anatomique. Celle-ci procède du « manque à être » qui détermine des relations d’objets, soutenues par des fantasmes de complétude et d’accomplissement ontologique.

 Ce « non-rapport » ne cesse de soutenir et d’assurer le « manque à être » qui, comme fondateur de l’existence et de l’omniprésence du sujet, peut ouvrir l’accès au « plus-de-jouir ». L’advenue du sujet, à laquelle semble faire obstacle de prime abord le symptôme, favorise des lectures de ce dernier qui mènent à une raison apparemment étrangère et inédite, parce qu’elle met en œuvre une négation n’ayant de cesse de battre en brèche les illusions ontologiques et le totalitarisme de la complétude que le moi idéalise outrageusement, avec le concours et l’appui d’idéologies de diverses obédiences. Ainsi, la raison soutenue et entretenue par l’incomplétude, dégage la voie de la vérité grâce à la mise en évidence du désir, qui met en jeu le « plus- de-jouir ».

La débilité, irrespectueuse du désir, consiste à imposer la raison bilatère (qui délie et « dé-dialectise » les différences locales de l’identité globale qui les inclut) de telle sorte que son univocité devienne tyrannique au point de museler, voire d’anéantir cette logique négative essentielle qui la détermine et la rend nécessaire.Certains (es) préfèrent renouer avec la débilité ainsi définie plutôt que d’approfondir et de consolider la « compactification de la faille » qui succède à l’évidement du symptôme censé avoir été entamé et élucidé pendant la cure. (Je rappelle ici sommairement l’itinéraire dicté par le symptôme en tant qu’il dénonce l’échec de la réalisation ontologique et fomente la demande adressée à un détenteur (détentrice) de savoirs, qui prétend posséder les moyens idéaux de l’accomplissement de l’« être ».  En identifiant ces savoirs à ceux et à celles qui se les approprient, voire les incarnent, la « folie » imaginaire, c’est-à-dire l’irresponsabilité « fait rage ».

Aussi, en invoquant le savoir scientifique qui exclut l’imprédicativité et la négation qu’elle implique, les forcené(e)s du bilatère accentuent leur hypertrophie du moi et leur infatuation jusqu’à considérer toute critique qui leur est adressée comme une persécution qui légitime leur agressivité redoublée, voire leur violence, alors qu’ils (elles) outragent le désir et la loi qui le constitue, laquelle concrétise l’interdit de l’inceste).

Si signifiance il y a, c’est bien parce qu’il n’y a pas de bilatère sans l’unilatère (et inversement) qui l’engendre et instaure un écart irréductible entre ce qui est perçu et restitué sous forme d’interprétations (rapports entre représentations et représentance). Cet écart provoque et induit une négation qui le présentifie constamment et qui est contenue implicitement dans toute conception, désormais dépendante de l’articulation signifiante et de sa « discipline », quelles que soient les prouesses de refoulement, voire de forclusion qu’elle peut mettre en avant. Aussi, la structure subjective, comme lieu de subversion du corps par le symbolique, représente-t-elle un « topos » (A. GROTHENDIECK) qui, en excluant toute « extraterritorialité », promeut une altérité essentielle assurant la moebianisation (dialectique assurée par le vide) des différentes dimensions impliquées dans son organisation. Ce topos est le lieu de la lettre qui consacre le sujet en tant qu’il naît d’une subversion du corps par le langage. Et cette lettre met en place un « rapport d’exclusion interne » (LACAN), qui, corrélatif de l’absence radicale de toute « extraterritorialité », instaure une dialectique spécifique entre le « manque à être » et les rapports objectaux. Quant à l’objet a, il détermine cette dialectique et confirme définitivement le « non-rapport » (« défaut de rapport sexuel » LACAN).

L’unilatère auquel chacun (e) est enraciné ( e ), ancré (e) nécessairement, du fait même  du « troumatisme », fonde et soutient le désir en tant qu’il devient la raison essentielle de vivre : il garantit l’existence dans le sens où elle consiste à « compactifier la faille » sans relâche. Ainsi, le désir se voit préservé des diverses altérations et dégradations causées par l’aliénation sociale, source d’objectivations fétichisantes. Aussi le désir et ce qu’il induit, s’oppose-t-il au règne absolu de « l’hommosexualité » que le capitalisme consolide sans cesse en faisant   échec au « Nom du père » en tant qu’il sous-tend le « manque à être », corrélatif de la féminité. Jouir de cette dernière est loin d’être l’apanage des femmes, loin de là ! tant « l’hommosexualité » est partagée par les deux sexes, et notamment par ceux et celles qui « croient dur comme fer » qu’il y a un sexe idéal et/ou une conjonction infaillible, capables d’assurer « le rapport sexuel ».

 L’accentuation de l’impensé lié à cette obsession, contribue à l’aggravation de la débilité ambiante, nourrie par la prédicativité scientifique qui méconnaît farouchement le « troumatisme » en tant qu’il génère le « parêtre » ainsi que la capacité de penser, assortie tous ses avatars.

 Si « penser, c’est dire non » (J. DERRIDA), encore faut-il préciser les modalités de la négation qui sont impliquées dans la pensée en tant qu’elle ressortit à l’ordre signifiant. La négation que met en avant le philosophe n’est pas à mon sens celle qui renvoie à l’inconscient et à la structure du discours analytique Négativer le bilatère propre au discours du maître qui refoule l’unilatère qu’il renferme et qui le fonde, débouche sur la mise au jour de l’objet a et de l’ex nihilo en tant qu’il articule et noue de façon borroméenne la multiplicité à l’unité qui la détermine en générant l’« unarité ».

L’objet a assoit l’évidement et met en évidence le vide qui constitue sa quintessence, matérialisée par la signifiance et les métaphorisations multiples qu’elle autorise. A ce sujet, René LEW dans son ouvrage sur « Les négations freudiennes » élève, à mon avis, la négation au rang d’une matrice essentielle qui actualise constamment la fonction signifiante et l’ouvre sur le transfini que la métonymie présentifie à travers les métaphores qui la représentent. La pierre angulaire du discours analytique, à savoir l’objet a et tous les effets qui en procèdent, représente la pierre d’achoppement de la philosophie qui, comme toute conception du monde (S2) entretient des rapports ambigus avec l’intension (S1), bien souvent mis sous le boisseau en vue de la promotion d’idéologies diverses, fussent-elles opposées les unes aux autres. Quant à l’acte analytique, il consiste non pas à dénoncer certaines extensions (S2) et leur en substituer d’autres parce que leur prédicativité s’avère vaine en raison de l’occultation de S1, mais à mettre en évidence ce qui ne cesse de mettre en échec son fondement inaliénable. Aussi, la saisie et l’advenue de ce dernier est-elle tributaire de la qualité de sa matérialisation par les S2 qu’il s’agit alors d’enrichir tout en les déconstruisant en vue de favoriser la mise au jour de S1. La mise en œuvre de la signifiance y contribue grandement. Elle constitue l’essentiel de la tâche analytique qui n’a pas à prendre part au combat stérile que se livrent les conceptions du monde (S2), dont le souci principal consiste à évincer l’intension en tant qu’elle met au jour « l’unarité » qui soutient et renforce l’unilatère.

 A mon sens, la négation spécifique et caractéristique du discours analytique ne permet à aucune réalité d’abolir le réel qui lui échappe et qu’elle ne maîtrise d’aucune façon. Elle est cependant à l’origine de toutes les métaphorisations de ce dernier qui imprime au temps, au-delà de la chronologie imaginaire qu’il permet, une « éternité » qui le démarque et le distingue de celle-ci, le mettant ainsi hors de sa portée tout en lui restant articulé. C’est ainsi qu’il s’impose après-coup, comme la dimension essentielle qui détermine toute réalité métaphorique en tant qu’elle est foncièrement incomplète et inachevée, ouverte sur l’indécidable, sous-tendu et soutenu par le transfini. Aussi, négativer ne se réduit-il pas à récuser tout bonnement une réalité, mais consiste plutôt à permettre à la négation d’accéder au rang de fondement d’une construction qui, édifiée sur un évidement, restitue au réel toute sa place et sa fonction, toujours contenues par les réalités diverses qui ne peuvent pas ne pas en procéder. Le réel, mis en évidence et en valeur par la négation contenue dans tout énoncé, et quel que soit le degré de son refoulement et de sa méconnaissance, est toujours intégré et mis en jeu dans chaque représentation, au point de contribuer à son enrichissement, grâce au « dire qui reste toujours oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend » (LACAN), confirmant ainsi la récursivité inhérente au primat du signifiant. Ce dire fait l’objet d’un échappement qui détermine tout énoncé, soumis de ce fait à une signifiance issue d’une négation essentielle renvoyant à un ratage objectal qui met au jour la structure du sujet. Chaque énoncé métaphorise le dire qui récuse toute « extra-territorialité » susceptible de laisser accroire à un « métalangage ». En raison de la dépendance définitive et irrévocable du symbolique, le « troumatisme » structural reste omniprésent et impulse une temporalité qui permet de distinguer radicalement la structure du sujet de n’importe quelle conception constitutionnaliste, comme celle que professait par exemple le célèbre psychopathologue Charles MELMAN, qui préconisait qu’il ne fallait surtout pas « névrotiser les psychotiques » ! Une des conséquences de ce dévoiement conceptuel de la structure débouche sur une idéologie qui conduit à dégrader le nominalisme en tant qu’il n’est plus identifié au « motérialisme » (LACAN) que le signifiant détermine. Aussi, soigner, c’est-à-dire prendre soin de la négation et du « non-rapport », consiste-t-il à évider tout sens pour favoriser l’émergence de la signifiance occultée par le discours du maître, en vue d’entraver le passage à un autre discours et la réécriture des textes antérieurs. Le signifiant recouvre ainsi sa place et sa fonction en rompant, qui plus est avec la chronicisation de la pathogénie, inhérente à l’exclusion de l’unilatère que renforcent les passions ontologiques de toutes sortes, qu’elles proviennent d’idéologies de « droite » et/ou « de gauche ». Les fixations forcenées à la prédicativité du bilatère poussent à l’exclusion de l’inconscient qui, comme altérité essentielle, comme« topos », promeut des propositions « apophatiques » (négatives), valorisant la négation sans pour autant rejeter celles qui sont « cataphatiques » (affirmatives) , dès lors qu’elles ne visent pas à exclure celle-ci en tant que cheville ouvrière et pivot d’une dialectique, qui, en réarticulant le symbolique et l’imaginaire, met en évidence le réel au titre d’une dimension rompant avec l’équivalence établie entre le vide et le néant.

L’emprise envahissante de la raison bilatère, pourtant nécessaire, peut rendre « fou », c’est-à-dire irresponsable, quiconque refuse d’entendre ce qui provient de ce qui détermine cette dernière, et la transcende, à savoir l’unilatère qui fait écho à la lettre en tant qu’elle « troumatise ». Le « troumatisme » précipite l’amnésie infantile et inscrit définitivement et irrévocablement le corps dans l’ordre symbolique, qui est celui de la négation et du « non-rapport », dorénavant irréversiblement incorporé, quels que soient les aléas de la dépendance qu’il instaure. Cette amnésie métaphorise et rappelle en quelque sorte la faille fondatrice du sujet. La « compactification » de celle-ci assoit et assure la moebianité de l’existence, placée désormais sous les auspices du désir et de ses conséquences, notamment celles qui libèrent de l’étouffante quête ontologique, obsédée par la complétude et les transgressions de la loi qui l’interdit. Le moi pousse à la folie en cherchant à faire la loi à la loi du désir, alors que l’incorporation de cette dernière la rend indéracinable, indétrônable. Sauver son âme, signifie dès lors protéger son inconscient en tant qu’il représente « l’âme-à-tiers » (LACAN).

Quant à la lettre, elle implique la négativation du phallus et la confirme avec l’imprédicativité qui rend compte de l’incorporation du signifiant et de la dépendance irréversible de l’ordre symbolique. En ne cessant pas de rappeler le « non-rapport » qui altère définitivement la « naturalité » du corps, le symbolique promeut une sexualité caractérisée par une dialectique dont la dynamique s’établit sur l’articulation entre le ratage et le désir. Cette dialectique alimente le « manque à être » et contribue activement à battre en brèche la raison bilatère afin de favoriser l’émergence de l’unilatère qu’elle contient et qu’elle tente de réduire au silence en l‘identifiant et en le confondant avec le bilatère dans le cadre d’une régression théorique et pratique, exclusive de l’inconscient.

Une des tâches des « serviteurs » du discours analytique consiste à rendre compte le plus simplement possible de la complexité des questions, sans trop la simplifier ni la réduire, au risque de retomber dans les ornières de la raison bilatère, paradigmatique du « discours courant », notamment celui du maître et celui de l’université, remis en question plus ou moins maladroitement par celui de l’hystérique, toujours en délicatesse avec « l’objet a, cause du désir »., au point de finir par rejoindre les impasses de la raison bilatère.

Les « non dupes (qui) errent » en raison du rejet de l’imprédicativité propre à l’unilatère, peuvent aller jusqu’au meurtre lorsque leur savoir prédicatif rencontre l’impossibilité de mettre en place le « métalangage » auquel il croit et qu’ils font miroiter comme illusion destinée à tarir la béance en tant qu’elle représente la source qui nourrit sans relâche toute réalité, tout en confirmant l’échappement de la vérité. Hermétiques à cette raison, ces « non dupes » régressent inévitablement en « bétonnant » l’univocité factice du discours du maître, souvent allié à celui de l’université.

Accumuler des connaissances pour mieux évider le savoir à visée prédicative, comme celui des sciences « ratomorphiques », et mettre en évidence le défaut qui est à l’origine de son développement, n’a aucune mesure avec l’obsession qui élève la prédicativité en voie royale et infaillible du colmatage de la faille que la dépendance du signifiant instaure. L’émergence du réel, issue du symbolique associé à l’imaginaire qui ne cesse de le refouler, de l’oublier et de l’occulter, malgré les effets qu’il cause et ne cesse de présentifier concrètement, perturbe et dérange le moi ainsi que les idéologies auxquelles il est solidement attaché pour faire échec au sujet. Restituer au symbolique son rôle central dans toutes les fictions, non sans en souligner les effets réels et imaginaires, incombe aux tentatives « métaphysiques », qui, comme la « métapsychologie freudienne », bien loin du « métalangage », assurent le passage du bilatère à l’unilatère en s’appuyant sur la négation comme pivot d’une dialectique fondée sur le « non-rapport ». Ainsi, plus la « faille » est « compactifiée », plus la moebianité est assurée et étayée, et plus le transfini vient témoigner et confirmer l’achèvement de la structure du sujet en tant que sa finitude et sa fermeture sont à l’origine de toutes les ouvertures qui donnent lieu même à différentes conceptions, parmi lesquelles certaines la dénient en vain.

 La négation qui implique implicitement l’inconscient et l’actualise constamment, subvertit les discours exclusifs de l’imprédicativité inhérente à l’unarité. Elle favorise leur dépassement en mettant en jeu l’objet a : elle confère à l’énoncé qui intègre ce dernier la possibilité d’admettre l’énantiosémie (signifier une chose et son contraire. Cf. FREUD : « Des sens opposés dans les mots primitifs ») qui préserve de l’enlisement dans le bilatère, hostile à l’ex nihilo ainsi mis au jour et en évidence. Elle contribue à redéfinir autrement les rapports entre le savoir et la vérité qui, en raison de son échappement, détermine le développement et le progrès des connaissances, sans prétendre aboutir à l’achèvement de ce savoir. Le rapport métaphoro-métonymique scelle la structure du sujet, tout en lui procurant une ouverture qui soutient la dialectique entre celle-ci et la fermeture, dans le sens où aucune des deux n’est séparable de l’autre. Ainsi, il met un terme à toutes les divagations ayant trait à un supposé « métalangage». Prétendre que le savoir maîtrise la vérité est une aberration logique, puisque celle-ci excède toute connaissance qui n’en rend compte de ce fait, que partiellement. L’insu qui accompagne et caractérise tout énoncé, confirme le « mi-dit » de la vérité. Il perturbe l’audibilité de l’échappement qui confère toute sa consistance au réel en tant qu’il introduit du chaos dans l’univocité sémantique des discours qui le récusent voire le forclosent, et compromettent ainsi gravement le primat du symbolique, favorisant de ce fait un aventurisme imaginaire, gros de dérives mortifères.

« S’il fallait une autre jouissance que la jouissance phallique, il ne faudrait pas que ce soit celle-là. » (LACAN)

L’objet a obvie à toute Autre jouissance. Il consacre la jouissance phallique dont il procède en tant qu’il met en jeu la négation impliquée par le « manque à être ». Même si la jouissance phallique entretient des fantasmes au profit du moi et laisse accroire à un métalangage, elle le récuse fondamentalement in fine, et lui fait échec.

Le symptôme fait partie des ruses de la raison bilatère : il permet à celui ou à celle qui le construit de considérer qu’il dispose d’ un moyen pour faire échec au « non-rapport » et d’accéder à une jouissance dont certains (es) auraient la maîtrise grâce à un savoir, censé mettre fin à l’échappement propre à la vérité. Alors qu’il est issu d’un compromis passé entre le moi et le sujet, le symptôme contribue à développer le mépris envers ce dernier, lequel mépris débouche à terme sur des méprises qui l’ébranlent et accentuent les demandes de savoirs fondés sur des logiques qui ne souffrent pas la négation que l’inconscient instille subtilement dans la raison bilatère et les extensions qu’elle édicte. Paradoxalement, alors que le symptôme dénonce la difficulté d’accéder à une jouissance pleine et entière, il participe implicitement à la mise en place d’obstacles qui vont jusqu’à contredire et à mettre en échec les savoirs qui recourent à des causalités de type organique et/ou socio-culturelle pour mieux contourner, voire forclore la structure subjective, dont il procède et qu’il contient.

Les concepts psychanalytiques rendent compte des rapports entre le symptôme et la structure du sujet. Ils renvoient  à chaque fois qu’on les sollicite,  à une logique spécifique, voire inédite qui met en œuvre une dimension exclue par le bilatère, à savoir l’unilatère, qui mobilise le vide à partir des effets qu’il engendre et qui le représentent constamment. Cette logique met en jeu le discours analytique et s’appuie sur ce qui échappe à tout énoncé, quel que soit le discours auquel il se réfère. L’échappement définit alors tout récit comme métaphore de ce qui reste insaisissable, et qui promeut d’autres énoncés possibles sans aucun achèvement prévisible ou prédictible. L’indécidable qui s’ensuit, met en évidence le vide qui articule les rapports dialectiques entre les métaphores et la métonymie qu’elles concrétisent en tant qu’elle met en jeu une temporalité continue, dont la saisie est rendue possible seulement par celles-là, qui introduisent de la discontinuité. Les rapports entre les métaphores mettent en lumière des liens dialectiques entre le temps chronologique, intégré à celles-ci, et le temps logique qui les justifie et confirme le principe qu’aucune métaphore ne vaut sans la métonymie, et inversement. Cette logique est à la base des rapports qui articulent la prédicativité (métaphorique) et l’imprédicativité (métonymique) qui renvoie à l’échappement et à l’intransitivité qui mettent en jeu la négation et ouvrent la voie à la signifiance, à partir de la plurivocité des énoncés et des malentendus que créent leur équivocité et leur ambiguïté.

Selon la lecture qu’il reçoit, le symptôme peut se dégrader ou pas en fonction du choix de la raison et de l’entendement servant à son déchiffrage. Fondée sur une logique censée battre en brèche progressivement la récusation de l’imprédicativité et la résistance à la signifiance en tant qu’elle consacre la lettre, soutien infaillible du « manque à être », cette orientation théorico-clinique s’avère indispensable au sujet, et partant à l’existence.

Hors du contexte signifiant dans lequel il est inséré, le symptôme est un allié du « discours du maître » : les plaintes qui le constituent, « portent au pinacle » ce dernier qui n’a de cesse d’aggraver sa soumission à l’omnipotence de la raison bilatère, à l’œuvre dans les discours du maître et de l’université. Le recours au « discours universitaire » fait partie de cette dérive qui consiste à considérer que l’érudition est garante de l’exhaustion, et partant de la suture du « manque à être » que le symptôme énonce tout en le dénonçant et en le refusant. Une telle conception du savoir, finit par renforcer la résistance du symptôme à la vérité : elle accentue sa méconnaissance de la structure du sujet, dont il porte malgré tout la marque de façon indélébile. En effet, sans elle, le symptôme ne peut évoluer et passer du stade de signe à celui de vecteur de la fonction signifiante. Il représente la tension entre la subsomption de la structure dont il ne peut se passer, et l’assomption de celle-ci. Il tente de faire barrage au passage de l’individu comme entité, au sujet divisé par « l’objet (qui) cause le désir » et engendre tous ses avatars. Toute sémiologie psychopathologique et/ou psychiatrique qui privilégie le signe et l’univocité sémantique, fait échec au sujet : elle s’enlise dans une impasse théorico-pratique, dont l’inanité est à l’aune du rejet de la jouissance du non-rapport, laquelle ouvre la voie au « plus-de-jouir », respectueux du désir et du sujet. Aussi, toute jouissance qui prétend venir à bout du « non-rapport » représente-t-elle une imposture !

DU SYMPTÔME AU « SINTHOME » : LE « PLUS-DE-JOUIR ».

La jouissance que procure le « non-rapport » rassemble et réunit les deux sexes : elle dépasse la question de l’avoir dans la mesure ou l’avoir lui-même ne garantit aucunement l’être de qui que ce soit. L’avoir, sous toutes ses formes et quels que soient ses objets- n’assure jamais une totalité ontologique : il ne préserve d’aucune façon un « être parlant » de son incomplétude. Il l’abandonne à ses tentatives et à ses choix de compléter son « manque à être », impossible à combler, malgré les illusions fomentées par le fantasme, qui finit par le mettre face à un défaut insurmontable, révélateur d’un processus dans lequel tout supplément échoue à assurer une complémentarité pouvant apporter une complétude totale et définitive. Ainsi, ce qui prend l’allure d’un échec, devient en fait l’occasion de saisir -par le ratage qu’impose le « non-rapport » – la logique propre du désir en tant qu’elle fait émerger de l’échec des tentatives de complétude, ce gain que représente l’unarité.

La « mort » de l’être qui accompagne le « troumatisme », donne naissance au sujet en tant qu’il est fondé sur un « manque à être » structural, irréductible et nécessaire à l’« ex-sistence » du sujet. La déception du moi et sa nostalgie de la défunte et mythique ontologie, l’incitent à construire un symptôme qui prétend ressusciter une complétude perdue et/ou ratée pour différentes raisons. Avec l’appui de fantasmes, le moi tient tellement à celle-ci que certains des ébranlements qui l’affectent, peuvent le pousser à l’acte -notamment suicidaire- afin d’entraver par là même, le passage à la reconnaissance et à l’acceptation de sa béance constitutive. Ce mode de transgression du désir est d’autant plus funeste, que son pervertissement et son ravalement au rang de besoin par des idéologies prédicatives finissent par saturer les discours du maître et de l’université, « allergiques » et foncièrement réfractaires à l’imprédicativité. La méconnaissance, propre à ces discours, est accentuée par le pervertissement assigné au savoir qui sert à museler et à taire le réel, alors qu’il leur est intrinsèque en tant qu’il fait écho au « non-rapport », ordonnateur de l’échappement. C’est ce qui dernier favorise la perméabilité du moi au sujet dont les manifestations témoignent d’une altérité dont l’étrangeté s’avère familière et propice à la littoralité qui concrétise le « rapport d’exclusion interne » entre le sujet et l’objet lorsque le ratage advient et s’impose. Induit par l’échappement, ce dernier fait accéder à un « plus-de-jouir » qui représente un gain, issu de l’échec de la complétude fomentée par le fantasme qui finit par accepter la structure du sujet qui lui confère sa fonction conjonctive et disjonctive La jouissance phallique, soutenue par ce dernier, « sécrète » sa négation par le désir qui, en protégeant la loi structurale, confère toute sa place à la féminité en tant qu’elle articule le « pas tout » et le « plus de jouir », au bénéfice du sujet, et partant du moi. Ce « plus-de-jouir » procède de la jouissance de la féminité que partagent les deux sexes, dont les caractéristiques, de l’un comme de l’autre, obvient à toute ontologie, même s’ils s’allient pour se complémenter et se compléter. Se complémenter se heurte à l’incomplétude de chacun, et des deux réunis, en tant que tous les « êtres parlants » sont placés sous la houlette du « manque à être », inhérent au sujet.

Quant à la vérité, elle vient couronner un processus parsemé d’embûches qui n’ont de cesse de faire échec à la négation mue par l’inconscient. Le sujet met en œuvre celle-ci à travers ses expressions qui sont autant de « formations de l’inconscient » que le moi, avec tous ses alliés, tente de pervertir pour que l’altérité qu’elles matérialisent, la division qu’elles rappellent, et surtout le vide qui y est opérant soient en définitive exclu. Or, même ces prouesses visant l’exclusion sont empreintes, du fait du signifiant, de la structure de la vérité en tant qu’elle n’est « pas toute » et qu’elle est toujours « mi-dite » (LACAN). C’est à ces conditions sine qua non qu’elle devient accessible, et qu’elle confirme le laborieux passage du symptôme au « sinthome » (LACAN) qui fait valoir le primat du signifiant et de toutes ses conséquences, parmi lesquelles la dialectique particulière, entretenue par les rapports qu’établit toute prédicativité avec l’imprédicativité, tient une place centrale.

CONCLUSION

Quand il s’agit de rendre compte de la structure du discours analytique, tel que LACAN en a proposé le mathème, on rencontre une difficulté majeure : celle qui consiste à simplifier, sans la travestir ni la réduire, la complexité des enjeux théoriques et pratiques qui y ont cours. Cette tâche participe de la mise au jour des tentatives de faire échec à l’imprédicativité qu’organisent maintes conceptions, dont la détermination intrinsèque par le signifiant est déniée et démentie. Ainsi, elles se condamnent elles-mêmes à l’échec et consolident de la sorte l’évidence de l’ordre symbolique.

Toute construction prédicative, aussi obsédée et obstinée par l’ontologie soit-elle, finit, grâce aux lectures auxquelles on la soumet, par offrir une ouverture qui témoigne de sa dépendance de l’imprédicativité qu’elle renferme et qu’elle contient. Même en s’opposant aux passages et aux dépassements que cette dernière autorise, elle ne peut pas rompre la continuité entre la prédicativié qu’elle convoite et poursuit, et l’imprédicativité qui la détermine. Cette dialectique implique que l’hétérogénéité ne nuit aucunement à l’homogénéité : l’une et l’autre sont mises en continuité en raison de leur dépendance du signifiant.

Se rendre à l’évidence de cette logique passe inéluctablement par l’évidement (mise en évidence du vide contenu par et dans toute proposition) d’énoncés nécessairement prédicatifs., constitutifs des constructions extensionnelles (S2).  Évider, « creuser » l’ontologie en stimulant la « pensée qui dit non », et en déconstruisant ainsi les discours à visée prédicative, revient à mettre en œuvre la fonction signifiante dont aucune fiction ne peut se passer. La réalité qu’une construction organise, inclut le vide en tant qu’il constitue sa pierre angulaire, qui autorise dès lors les déconstructions et les remaniements pouvant la faire évoluer. Si aucune extension ne peut mettre fin à l’imprédicativité, c’est parce qu’elle s’avère incapable de dominer le réel. Le ratage révèle que toute tentative de maîtrise  du réel relève d’une impossibilité inhérente au signifiant et à sa structure. Cette impossibilité, source de possibilités diverses et variées qui la traduisent et l’« objectivent », ne ressortit à aucune forme d’occultisme et/ou de mystère. L’ex nihilo, pivot du sujet, détermine le transfini qui entretient de façon permanente la faille constitutive de ce dernier en tant qu’elle répète sans cesse le « défaut de rapport sexuel » (ni damnation, ni condamnation.

 Les extensions (ou signifiant binaire) S2 occultent S1(intension ou signifiant unaire), mais le révèlent aussi bien, dès lors qu’on les soumet à la critique et à l’évidement, fondés sur la négation qui les fonde et qu’ils refoulent. Mise ainsi en évidence, l’intension dévoile sa transcendance fondamentale, qui détermine et leste tous les S2, malgré tous les aspects chimériques que leur confèrent les idéologies ontologiques. Elles produisent des S2 qui occultent d’autant plus le sujet que son évanescence, succédant à ses épiphanies, dissimule son ex nihilo fondateur. Ce dernier signe la finitude de la structure en tant que limite qui consacre son ouverture et récuse tout métalangage à visée et prétention prédicatives. S1 met en jeu une négation qui irrigue et enrichit la pensée tout en mettant en évidence ses propres fondements, qui font écho à cette remarque de LACAN : « Il n’y a pas d’universelle qui ne doive se contenir d’une existentielle qui la nie ».

Mettre au jour S1 en soumettant au travail d’évidement les S2, dont la nécessité est évidente, rend possible un franchissement qui permet de construire de nouvelles extensions dont le dessein ne vise plus l’exclusion de leur fondement, puisque leur consistance provient et procède de l’ordre symbolique. Cette tâche relève de l’acte analytique qui ne consiste pas à détruire des S2, dévalorisés en raison de leur impuissance à suturer le vide que S1 représente tout en étant inaccessible directement  et immédiatement, mais à s’appuyer sur ces mêmes S2 qui le métaphorisent pour les « étoffer » de sorte qu’ils permettent un franchissement rendant évident le S1(signifiant unaire correspondant à l’intension). Son caractère implicite souligne son échappement qui lui confère sa continuité en tant qu’invariant. Quant à sa transcendance, elle se matérialise  dans la métonymie qui engendre tous types de métaphores (toute extension ou S2 est métaphorique) qui le contiennent, dans le double sens du terme (renfermer et empêcher). S1 s’affirme alors comme le reste en plus, en excès par rapport aux S2 en tant qu’il les excède et les « ampute » de leur prétention à suturer le vide qu’il représente, et qui échappe aussitôt pour donner naissance à d’autres métaphores. Il fait l’objet d’une « apparition disparaissante », selon la belle expression de Vladimir JANKELEVITCH.

L’impact de la mise en évidence de S1 sur les S2 qui le refoulent en le contenant, se caractérise par la nouvelle dialectique que le vide entretient, entre « la jouissance phallique » et « le manque à être ». Cette dialectique rend compte de l’incorporation du Père, c’est à dire de la subversion du corps par le symbolique qui organise les pulsions en tant qu’elles confirment le ratage de l’objet pour soutenir le désir et l’objet a, essentiels à l’existence. Les fétichisations objectales, palliatives du « défaut de rapport sexuel », cèdent et laissent place à un « plus-de-jouir » qui respecte l’interdit infranchissable inhérent au sujet et préserve ainsi l’existence, malgré toutes les perversions idéologiques à visée ontologique.

En conclusion, je dirai que le progrès qu’apporte l’acte analytique réside dans le renversement (et non l’exclusion ou l’éradication ) de la raison bilatère qui sature le discours du maître, auquel se lie le symptôme pour maintenir l’illusion ontologique, grâce à la suture du « défaut de rapport sexuel » qu’il s’avère incapable de réaliser. Le symptôme bute sur la structure du sujet dont il dépend en raison de la « troumatisante » incorporation du signifiant. Il reste tributaire de la lettre qui rappelle l’incorporation du signifiant et la dépendance qui s’ensuit. Son analyse, c’est-à-dire sa décomposition, apporte une définition et une orientation nouvelles de la sexualité des « êtres parlants » en tant qu’elle est marquée d’un sceau indépassable et inaliénable, celui du « non-rapport » qu’instaure la domination du désir et les relations objectales qu’il commande. Ces dernières débouchent immanquablement sur un ratage qui confirme le désir et le relance inlassablement. Fondé sur l’objet a, qui le cause, ce dernier assure la négation que la jouissance phallique promeut, et à laquelle il est « organiquement » lié. Cette négation qui le constitue fait valoir une dialectique et des modes d’agencements et d’articulations de dimensions qui mettent en évidence la place du non-rapport, en tant qu’il fait écho concrètement au réel. En mettant en avant l’incomplétude du symbolique, cette dialectique développe des rapports qui n’ont pas la même teneur que celle que mobilise le discours de l’hystérique, subjugué par la toute-puissance du bilatère. Accéder à cette négation, issue de l’évidement de ce dernier, pourtant toujours nécessaire, conduit à admettre l’inconscient comme partie intégrante du moi et de ses conceptions, et ce, malgré la part belle réservée à la méconnaissance.

Le paradoxe caractéristique de la tâche analytique, consiste à croire sur parole tous les énoncés. Aussi, même si la structure du signifiant leur confère une « fausseté » essentielle, parce qu’ils sont incapables de tout dire, il n’en demeure pas moins qu’ils restent irréfutables et nécessaires à un enrichissement qui permettra progressivement la mise au jour de la vérité. C’est ainsi que tout symptôme, dès lors qu’il est renvoyé et référé à une position subjective, qui le sécrète et le soutient, peut être soumis à un travail où le paradoxe à toute sa place qui va à l’encontre de la doxa.

Procéder à des scansions et des coupures dans les productions métaphoro-métonymiques que la si difficile association libre est censée favoriser, vise à faire valoir le vide et à mettre en lumière sa valeur opératoire fondamentale. Cette valeur confère désormais aux nouvelles fictions ou extensions la possibilité de s’inscrire et de s’insérer dans un nouveau discours émergent, dont l’imprédicativité, respectueuse et fidèle à l’inconscient, favorise de nouvelles constructions dont la prédicativité est dénuée de caractère totalitaire. En effet, l’omniprésence de l’inconscient procède de ce qu’il échappe derrière ce qu’il suscite comme autant de manifestations et de formations qui le subsument et le maintiennent insu. Il promeut une dialectique spécifique qui articule l’échappement et l’ex nihilo pour consolider le vide opératoire garantissant la littoralité entre la raison bilatère et l’unilatère qui « l’irrigue » autrement en lui offrant de nouveaux cours. Ce vide, issu de la structure spécifique du signifiant, au sens de la « linguisterie » lacanienne, assoit l’imprédicativité et met en évidence, à partir de ce qu’il génère comme effet ou conséquence tangible, la vérité en tant que son « mi-dit » confirme le primat du signifiant qui récuse les dérives paranoïaques et les stases de la débilité, alliées au bilatère.

Il ne s’agit pas de crier haro sur la prédicativité pour s’en sortir à bon compte, et ravaler ainsi la psychanalyse à une idéologie. Il s’agit au contraire de délivrer et de mettre en évidence ce que la prédicativité, à l’œuvre dans les extensions (S2), recèle et qu’elle tend à travestir pour fermer l’accès à l’imprédicativité qui la détermine, du fait même de sa dépendance irréversible du signifiant ou du symbolique. Ainsi, le vide qui procède de l’aliénation signifiante et de l’incomplétude du symbolique ne reste pas lettre morte ! Il met en jeu des négations qui donnent leur congruence et leur cohérence aux différentes coupures et scansions, lesquelles servent à instiller de l’heteros qui renvoie à une altérité essentielle, opposée aux tendances hégémoniques du moi.

Comme il n’y a pas d’échappement en soi, mais seulement de l’échappement inhérent à l’articulation des signifiants, l’inconscient bat en brèche tout savoir extensionnel, universel a priori, fût-il agrémenté de notions psychanalytiques. La « Cause freudienne » est devenue d’autant plus décriée que l’humanisme « progressiste » s’échine et s’évertue à ne rien vouloir savoir du « défaut de rapport sexuel », qui fait échec à n’importe quel type de totalité ou de complétude fantasmée : tous les tenants de savoirs prédicatifs et exclusifs du défaut, ne cessent pas d’exclure l’intension. Ils se reconnaissent et sont reconnus comme les parangons de l’aliénation sociale, qui marginalise et censure tous ceux et toutes celles qui rappellent l’aliénation symbolique et ses conséquences, parmi lesquelles le bouleversement des rapports de causalité dans lesquels la conséquence s’avère essentielle à la mise en évidence de l’antécédence en tant qu’elle ne saurait être posée a priori, au détriment de l’hypothèse et de la supposition. Cette logique, commandée par la raison unilatère, est à l’œuvre dans le symptôme qui la contient en lui imposant un nouage dont la vanité assurerait le rapport sexuel (complétude de soi et souveraineté) : il exclut ainsi la borroméanité inhérente au sujet en accentuant la méconnaissance, voire la forclusion de l’Autre.

                                                                                           Amîn HADJ-MOURI

                                                                                                       28/07/23

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