Les tissus de vérités

PAR-LES TISSUS DE VERITES

 

Il y a comme un nuage de représentations et de signifiants en chaîne qui vient recouvrir la chose… Au point que l’on y voit trouble…
Au point de s’éprouver parfois soi-même porteur du trouble.

Le trouble ne devient symptôme que chez le sujet qui se joue de lui-même à s’en croire le maître : comme si ce trouble pouvait aller et venir à son souhait.
Or, c’est l’ordre symbolique qui est à l’œuvre de ce trouble. Et cet ordre symbolique s’impose au sujet parlant et le divise. Autrement dit, nul ne choisit la nature de ce nuage de représentations même s’il y participe.

Acteur des formations signifiantes, le sujet tisse sa vérité.

 

C’est un tissu de vérité car c’est la vérité d’UN sujet. Ca n’a teneur de vérité que pour celui qui l’énonce et au moment où il l’énonce.
C’est sur un espèce de néant que ce parlé –par-les tissus de vérités– se pose. C’est par les tissus de vérités que ce Néant prend forme. Ce qui est pointé comme néant ne se désigne ainsi que par les formations qui cherchent à le désigner. Le Néant n’est point atteint ; le sujet tourne autour et ne peut que feindre de l’atteindre.
Autrement dit, on peut s’éprouver anéanti / néant de l’avoir vraiment (vrai-ment) joué, mais anéanti aucun vivant ne peut l’être.
Tant qu’il y a de la vie, il y a du tissé, en tout cas, pour un être parlant.
Comment se saisir autrement qu’en se « prenant pour… », et en « prenant pour… » ce(-ux) qui nous entoure(-nt) ?

LACAN (in Télévisions, 1974) : « Je dis toujours la vérité : pas toute ; parce que toute la dire, on n’y arrive pas. La dire toute, c’est impossible matériellement : les mots y manquent. C’est même par cet impossible que la vérité tient au Réel. »

Pour un sujet parlant, toute matière n’est qu’abstraction tant qu’elle n’est pas nommée.
Le nom, le nom commun est partagé (commun) par le sujet et ses autres mais pour ce qu’ils en font chacun c’est une toute autre histoire. En effet, chacun tisse ses propres histoires. On peut bien partager des opinions, des convictions, des aprioris mais non des vérités.
Chaque instant partagé est un instant différent pour chacun.
Aucune des vérités ne peut (équi-)valoir Le Réel.
Autrement dit : Le Réel est insaisissable par les représentations qui le visent.

Le Réel, ainsi nommé par Lacan, je le rapporte à ce qui peut être éprouvé comme néant ou à ce « tout ou rien » autour duquel passent signifiants et représentations.
Il y a comme une chaîne d’éléments matériels qui tourne autour d’une masse indéfiniment à décrire ou définitivement indescriptible. C’est ce qui amène Lacan à déclarer « impossible matériellement » de dire toute la vérité, et à désigner cet impossible comme ce qui la fait tenir au Réel… Le Réel, comme une masse qui attire les signifiants à lui, à la façon d’une masse planétaire qui attire des éléments matériels à former ellipse, en anneau, autour d’elle.

Pour le sujet parlant, ce Réel advient par-les signifiants qui portent le sujet habitant ce Réel.
Ce par souligne ce que le parlé suppose : le sujet d’une adresse et, à fortiori, un autre sujet qui adresse (en tant qu’étant lui-même sujet d’une adresse). C’est ce que j’entends lorsque Lacan dit qu’un  « signifiant représente un sujet pour un autre signifiant » (notamment dans le séminaire sur l’identification – séance du 6 décembre 1961- où il différence le signifiant du signe, lequel « représente quelque chose pour quelqu’un »).

Ces constructions du sujet, autour du Réel, sont ce qui amène chacun de nous à assumer sa part de rêverie pour assumer son existence… Son existence d’être séparé ; séparé d’un sacré reste qui nous échappe.
A partir du moment où je dis que je suis ou que je pense, je ne suis plus…
Cela revient à dire qu’il n’y a pas d’absolu, de point final à mon identité. Elle est constamment en train de se dérouler comme une bande de film cinématographique projetée de la naissance à la mort. C’est dire qu’il y a bel et bien du lien depuis cette naissance jusqu’à cette mort ; du lien armé d’une chaine de représentations lesquelles participent à un certain déterminisme de sorte à ce qu’il y ait du destin… Sauf que tout n’est pas écrit d’avance.
Cela vient juste pointer que l’on ne peut « devenir une autre personne » comme certains thérapeutes aiment à conforter cette illusion chez leurs souffrants.

Qu’est-ce qui empêche le sujet de s’effacer derrière une identité radicalement autre au point que plus personne (ni même lui) ne le reconnaitrait ?
C’est ce tissage qui laisse des traces. On peut bien essayer d’en découdre avec cela, n’empêche que les fils de ce tissage (la descendance aussi) restent d’une façon ou d’une autre. Ca c’est un point de Réel ; autrement dit : un point d’ancrage.
Il reste des marques de ce que j’écris et de ce que je dis et même de ce que je chie. Ce sont toutes des productions.
Il y a un produit qui sort de moi grâce au fait qu’il y ait de l’Autre pour recevoir ce produit lequel ne cesse de se modifier par ces passages.

Toutes ces productions sont la marque d’une certaine folie pour chacun de ceux qui les produisent dans la mesure où elles amènent le sujet à se trouver là où il n’est pas. On retrouve là l’effet de la trace : qui amènerait le sujet à dire « je n’étais pas là » ou « j’étais là où je me suis présenté comme n’y étant pas » (je reviendrai sur ce point dans la deuxième partie de mon exposé).

Un bon moyen de faire l’épreuve de cette folie est l’éprouvé d’étrangeté dont FREUD a fait son sujet dans l’Unheimliche… Cette étrangeté familière correspond à l’immensité de ce qui reste ignoré de soi contre la minuscule identité qui prend tant de place dans notre existence. Car cette identité est tenace. Elle tient quelque chose d’une certaine stabilité et, avec cette stabilité, son lot de symptômes. C’est bien une façon de ne pas s’éprouver perdu ou anéanti.
Car chacun est perdu s’il erre dans cet océan d’infinitude que masque son identité présente. C’est contre cette errance que se loge la répétition.

Que l’on répète pour encore mieux présenter c’est cesser de répéter certains morceaux… Car il y a du lâché dans le devenir. Et dans ce devenir, on retrouve du déterminé, du lien. Il y a encore de quoi qui ne lâche pas, qui tient, qui reste.
C’est ce reste que je pointe comme fil restant du tissage, comme bout de Réel qui laisse un bout de trace ineffaçable.
C’est le paradoxe de l’être parlant chez qui reste de l’identique ; aliment d’une certaine identité de laquelle se détache un autre reste.
Du tissage dénoué puis renouvelé reste ce dont il ne s’habille plus et qui reste désormais autre comme une merde sortie du corps. Ce déchet –dont le propre est de tomber– ne cesse pas d’exister : il devient autre chose et porte encore la marque d’où il provient. C’est en ce sens, qu’aucun sujet ne peut complètement laisser tomber ce qu’il a créé…

Cette matière donne de l’existence en tant que toile à tisser ou en tant que projection à portée sur une toile ; une toile qui fait marque à l’endroit du Réel.
Ce Réel, depuis cette toile sans laquelle on ne saurait le désigner, ne peut apparaître que comme un trou sans fond ; tellement sans fond qu’il n’y manquerait de rien…
C’est comme dire qu’il n’y a pas de vide dans l’espace. Le vide s’éprouve de respirer, de parler, chaque battement de cœur étant un autre, encore un mais un autre. Il en est de même de chaque parlé et de chaque vérité. Même si elle est dite avec exactement les mêmes mots, c’est encore une autre vérité. C’est une vérité qui apparaît sue et construite d’insu.

C’est le désastre de l’être parlant que de se retrouver définitivement pas divin (ou pas tout), surtout d’y avoir cru et de chercher encore à y croire par l’entretien de sa machine pensée. Chaque machine étant faite pour crever ou pour se faire recycler si vous préférez, il y a un temps pour cesser la répétition de certains morceaux.
De s’accrocher à ces morceaux comme s’ils étaient constitutifs d’un ensemble complet amène à éprouver ce désastre avec angoisse.
Je reprends ce terme de désastre, comme le fit L-G PAPON : « sous les astres », sous les Dieux.
Les petits êtres que nous sommes ont pourtant de quoi être rappelés à leur place devant cette immensité que pointent les étoiles qui nous entourent… De quoi leur rappeler que leur tissu de vérités les tiennent certes à cette place sous les étoiles mais que « un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras » ».
Ce qui tient un temps n’est jamais acquis car il y a de l’Autre qui passe sans cesse et c’est de cela que s’alimente l’identité qui parfois fige.

Ceux qui sont allés vers les étoiles ont accepté d’autres vérités sans quoi ils auraient freiné ce devenir.
Accepter ce mouvement du devenir est bien le grand défi qui se pose pour celui qui s’agrippe à ce qu’il aspire à laisser comme reste dans l’Autre, et non comme reste qui demeure.

Ce avec quoi chacun meurt est ce qui a demeuré en soi et ce qui demeure ailleurs comme reste parlé et à parler encore. Ce reste devient autre encore. Le film projeté par l’un devient un autre film projeté par d’autres.

 

C’est de l’Autre dont chacun peut se saisir, en tant que vivant ; vivant dans un devenir.
Encore faut-il se résoudre à une existence qui tienne à l’Autre plutôt qu’à chaque pièce constitutive de son tissu de vérités.

 

LE SIGNIFIANT ET LA TRACE « FAUSSEMENT FAUSSE »

 

Je terminerai en reprenant un passage du séminaire X sur l’Angoisse (séance du 12 décembre 1962).
Lacan y évoque « la trace » non sans évoquer le « vide » que présenterait la cause de la trace spécifique, propre à la logique signifiante.
Ce vide, je l’ai évoqué comme ce qui pousse à parler celui qui parle. Je dirais même ce qui le pousse à causer ; à causer des « traces fausses », comme le dit LACAN.

LACAN (p76-77) commence par rappeler que :
_ le signifiant est une « trace effacée »
_le signifiant « se distingue du signe en ceci que le signe est ce qui représente quelque chose pour quelqu’un tandis que le signifiant représente quelqu’un pour un autre signifiant »

Il évoque ensuite « quelque chose qui n’est pas souvent perçu » et qui participe du comportement de l’obsessionnel ; à savoir que celui-ci mette en cause, en doute le signifiant dans sa façon de le « triturer » : « Ca s’est passé comme ça mais ce n’est pas sûr. Ce n’est pas sûr parce que ce n’est que du signifiant, et que l’histoire est donc un truc ».
Pour ma part ce « truc », je le nomme « tissu », m’appuyant sur cette bonne vieille expression (n’est-ce pas ce qu’il faut pour constituer une expression : qu’elle soit vieillie d’usage) : « ce n’est qu’un tissu de mensonge »… Comme toute les expressions, elle pointe la chose et son contraire (sa vérité et son mensonge si vous voulez ou plutôt sa négation et sa dénégation)
LACAN dit de l’obsessionnel qu’il a saisi quelque chose et qu’il veut aller à « l’origine, à l’étape antérieure, à celle du signe ».
On a brodé, on a brodé, mais alors sur quoi, à partir de quoi. D’où ?
C’est de rester sans réponse à cette éternelle question de l’origine qui amène justement à faire de la broderie : à les produire et à les dire jusqu’a les dédire lorsqu’elles deviendront « conneries ». Défaire une broderie c’est détisser, c’est délier, c’est la
décomposer : c’est donc analyser (par étymologie).

Revenons sur cette question de la trace que LACAN (ibid. p78) reprend d’abord sous l’angle du comportement animal et dont il dit qu’il « structure un certain champ de son Umwelt, son entourage par des traces ». Bref, il structure et délimite ainsi son territoire.
Il ajoute que l’animal « efface ses traces et fait de fausses traces ». Mais ce ne sont pas des signifiants car s’il y a une chose que l’animal ne fait pas ce sont des « traces fausses » : « des traces telles qu’on les croit fausses alors que ce sont les traces de son vrai passage ». On entend bien dans ce « vrai passage » la convocation du Réel comme
effacé ou plutôt masqué. « Faire des traces faussement fausses est un comportement, je ne dirai pas essentiellement humain, mais essentiellement signifiant (…) C’est là que se présentifie un sujet ». C’est la « qu’il y a un sujet comme cause ». LACAN ajoute ensuite qu’on essaie d’étendre cette cause à l’univers «mais la cause originelle c’est la cause d’une trace qui se présente comme vide, qui veut se faire prendre pour une fausse trace ».

Je désire insister sur cette idée qu’on essaie d’étendre cette cause à l’univers, entendant cela comme la tentative incessante dans laquelle serait pris celui qui ne tient plus de ne pas avoir de cause déterminante de son existence : « mais en fin de compte d’où vient la vie ? Comment est apparu le premier être vivant et c’était quoi d’abord le premier à être vivant ?… ». On en revient à l’obsessionnel qui met en doute le signifiant…

LACAN poursuit en parlant de cette fausse trace comme un « comportement qui n’a en effet aucune autre portée possible que celle de prendre rang au lieu de l’Autre  dans une chaine de signifiants ( …) qui constituent le seul terme de référence possible à la trace devenue signifiante»… Et de conclure que « ce qui nourrit à l’origine le signifiant, c’est la visée que l’Autre, l’Autre réel, ne sache pas. »

Cette nécessité que l’Autre ne sache pas, LACAN, la relie, bien entendu à la question de l’insu, le sujet apparaissant barré –non-su- avec la naissance du signifiant dans l’intervalle entre ce a où il est objet de la chasse et le A.

Avec tout ce déballage, ce que LACAN pointe (p79) c’est la « part foncière de faux qu’il y a dans la demande du névrosé » et qui selon lui a trop été méconnu et que tous les pièges dans lesquels s’est engagée « la dialectique analytique » relèvent de cela.
Cela revient à considérer qu’une demande n’est pas un trou à combler et que ce que l’enfant demande à sa mère revient, pour lui, à structurer la relation « présence-absence ».

 

 

J’ai repris en détail cet exposé du séminaire sur l’angoisse pour donner un appui à mes propos et pour les amener vers la question du transfert en analyse et de ce qui y passe.

Ce qui y passe c’est l’amour… Mais sous quelle forme ?
De prime abord : sous les augures du symptôme. Le symptôme serait comme une demande qui ne dirait pas son désir. En tout cas qui tenterait de ne pas le dire…
Le symptôme serait comme une trace fausse avec laquelle son porteur viendrait dire à celui à qu’il se dit ou se montre : « Je ne suis pas là ».
Je reste convaincu que le symptôme doit toujours être perçu dans sa qualité à porter un double jeu : représentant d’une chose et de son contraire et surtout d’une négation et d’une dénégation, d’un je
suis et je ne suis pas (en référence au dit qui efface la chose)…
Ce que le porteur de symptôme désigne chez lui comme tel c’est ce qui, selon lui, ne lui correspond pas : « Quand je fais ceci / quand je dis cela, ce n’est pas moi ». Bref ça vient saper sa jolie construction identitaire… Un peu comme la mauvaise odeur qui trône dans les toilettes après que soit passée la jolie princesse dont on disait qu’elle, elle ne fait jamais caca. Après que son symptôme s’en soit échappé, on ne dira plus la même chose.

Voilà ce qui m’amène à parler de tissu. On se tisse un joli vêtement –celui qui selon nous, nous sied le mieux– puis voilà qu’il passe de mode, voilà qu’on se trouve soi-même à le trouver moche et qu’on le jette au rebus.
Mais, de toute façon, il aura été là…
Et nul parlant n’échappera à cette trace qui aura été là, c’est-à-dire : au lieu de son « vrai passage ».

C’est cette trace qui ne s’efface pas et qui paraît seulement muée en trace « faussement fausse » (notamment sous les traits du symptôme) : c’est que le tissage est porteur du « vrai passage », du réel, quand bien même sa première visée était de le masquer.
C’est ce que viennent pointer les productions de l’inconscient : celles qui passent à travers les mailles du filet.
Comme le laisse entendre la double négation « faussement faux », on ne se débarrasse pas du vrai.

Il y a ainsi : « le vrai passage » (réel) et la trace qui en fait signe puis le signifiant qui vient s’y substituer – fausse trace… Et à fabriquer des traces fausses, on laisse insu que, malgré tout, il reste une trace et qu’elle est encore à l’œuvre… Comme s’il n’y avait plus que notre corps pour en témoigner.

Ce qui m’intéresse dans cette histoire de fausse trace c’est l’Autre que cela implique. Il y a forcément et toujours une adresse dès que l’on agit car c’est avec le signifiant que cela se passe pour l’être parlant… Quand bien même cette adresse reste inconnue.
Une trace « faussement fausse » afin que l’Autre réel ne sache pas… Et qu’il ne sache pas pourquoi ? Dans les propos de LACAN c’est que cet Autre est un chasseur et qu’il vise un petit autre a lequel risquerait donc de sa faire bouffer… C’est de se pointer comme ce qui pourrait combler l’Autre que le porteur du symptôme est mal. C’est précisément cela le terreau fertile de l’angoisse.

 

La question qui revient à l’analyste est celle de la position qu’il tient pour se décaler de cette imposture, tel que l’analysant puisse prendre place de désirant à sa suite.
LACAN (in Séminaire Le Transfert, p434) parle de « la place de pur désirant » que pourrait prendre le sujet dans la mesure où le « désirant en tant que tel ne peut rien dire de lui-même sinon qu’à s’abolir comme désirant (…) parce que dès qu’il dit quelque chose, le sujet est quémandeur, il passe au registre de la demande et c’est autre chose »
L’angoisse est décrite comme « un rapport de soutien au désir là où l’objet manque ». Ainsi, « le désir est un remède à l’angoisse ».
La position de « pur désirant » semble intenable ; c’est peut-être le propre la position de l’analyste que l’on peut dire artificiel (du moins spécifique au cadre de la pratique analytique). Et c’est cette position intenable (non infiniment tenable) qui soutient le désir de l’analysant comme aura pu le faire son angoisse.

Et si ce n’est pas/plus l’analyste qui soutient le désir du sujet, ce peut être le sinthome qui laisse place afin que puisse s’entendre l’indicible aux sus de celui qui produit.

 

Dans le séminaire XIII Le Sinthome, LACAN introduit régulièrement ce qu’il nomme un « trou » dont il dit qu’il « est de la nature même du symbolique de comporter ce trou » et où l’on reconnaît l’Uverdrängung : « un refoulement qui n’est jamais annulé » (p41).
« C’est de cette fonction du trou que le langage opère sa prise sur le réel (…) le langage mange le réel ». (p31)

Le langage apparaît comme un tissage fait de trous. Les représentations qui s’y croisent comme des fils forment un ensemble qui ne saurait se constituer sans ces écarts présentifiés comme des trous… Des trous dans le réel qui, ainsi, y donnent référence dans le maillage des signifiants.
LACAN insiste : « Là où on se reconnaît c’est seulement dans ce qu’on a. On ne se reconnaît jamais dans ce qu’on est. » (p124), « …nous ne pouvons atteindre que des bouts de réel. Le réel (…) est toujours un bout, un trognon (…) autour duquel la pensée brode, mais son stigmate à ce réel c’est de ne se relier à rien. »

Il sera intéressant, pour la suite, de se pencher sur la question du « faux trou » abordée dans « le sinthome » ; faux trou à la jonction de deux cercles qui se différencie des trous de l’un ou l’autre de ces cercles… Faux trou qui articule le symbole et le symptôme et qui amène à ce qu’il y ait « une praxis quelconque, c’est-à-dire quelque chose qui relève du dire… » (p119)

 

Le « faussement faux », le « vrai », la vérité qui ne peut « que se dire à moitié, tout comme le sujet qu’elle comporte… », ce « dire la vérité sur l’homme » qu’aurait été la visée de FREUD selon LACAN…
Voilà ce qui peut occuper qui s’intéresse au symptôme sous l’angle de la psychanalyse.

 

Benoit LAURIE – novembre 2014

 


La question de la trace fausse a été introduite le 24 janvier 1961, dans le séminaire sur l’identification.
Il y est question des trois temps dans la constitution du signifiant : « ce battement en éclipse de ce qui n’apparaît que pour disparaître et reparait pour de nouveau disparaître, ce qui est la marque du sujet comme tel. »
« …il ne saurait y avoir d’articulation du signifiant sans ces trois temps ».
Ainsi : il y a trace puis la trace est effacée puis il y a « retour du premier » signifiant en ce qu’il peut être
reconnu qu’il y eut une trace. Ainsi, la fameuse trace réapparait dans le dit et ce qu’il permet de reconnaissance.

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